lundi 2 février 2009

Abattoir 5


"Je suis bien retourné à Dresde en 1967 avec l'argent de la fondation Guggenheim (Que Dieu protège leur fric). ça ressemblait beaucoup à une quelconque ville de l'Ohio, en plus dégagé. Il doit y avoir des tonnes de farine humaine dans le sous-sol."

"On nous envoya par avion dans un camp de convalescence, en France, où l'on nous gava de bouillie chocolatée et de toutes sortes de choses riches en calories, jusqu'à ce que nous soyons bien potelés. Puis on nous rapatria et c'est alors que j'ai épousé une belle fille, elle aussi bien potelée.

Et nous avons eu beaucoup d'enfants."

"A l'occasion, je fais le bilan de mes études. J'ai fréquenté un temps l'université de Chicago après la Seconde Guerre. J'étais en Anthropologie. A l'époque, on enseignait que tout le monde était exactement comme tout le monde. Peut-être en sont-ils encore là.

On nous apprenait aussi que personne n'était ridicule, mauvais ou répugnant. Peu avant sa mort, mon père me dit comme ça : "Tu as remarqué que tu n'as jamais mis de crapule dans tes histoires ?"

Je lui ai rappelé que je devais ça à mes cours d'après-guerre."

"Je me trouvais exposer le raid tel que j'en avais été témoin, et mon projet de livre à un professeur de l'université de Chicago, au cours d'un cocktail. Il était membre d'un certain Comité pour la réflexion sociale. Il m'expliqua comment les Allemands fabriquaient du savon et des bougies avec la graisse des Juifs, le principe des camps de concentration et le reste.

Je n'avais que "Je sais bien, je sais bien, je le sais !" à lui opposer."

Abattoir 5, Kurt Vonegut.

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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.