mardi 22 juillet 2008

"Journal politicard militant et connard"

Le renvoi de Siné me fait penser à ce que disait Choron en 2002. Et je me félicite de l'avoir écouté et de n'avoir jamais racheté Val-Hebdo, "journal politicard militant et connard".

mardi 15 juillet 2008

Corfou


"SITES A VOIR

Canoni, Gastouri, Palecastrizza, Pantocratoras, Benitza.


A VISITER


Eglises de Saint-Spiridion et de Sainte-Théodora (la Cathédrale).

Monastères de Myrtiotissa, de Paleocastrizza et de Pantocratoras.

Eglises byzantines de Saint-Jason et Sosioater.

Bibliothèques de Manuscrits vénitiens et d'originaux rares.

Mère des Gorgones : beau bas-relief de pierre au Musée.

Les deux vieux forts.


POUR LES SURREALISTES


L'Achilleion. Un monstrueux bâtiment entouré de sculptures tapageuses et de merveilleux jardins ayant apaprtenus au Kaiser.

Le Théâtre. Derniers feux du goût théâtral des Italiens.


POUR LES CHASSEURS


Deux lacs saumâtres, l'un au nord, l'autre au sud de l'île, appelés respectivement Antiniotissa et Korissia.


BOISSONS


Ouzo. Boisson anisée semblable au Pernod.

Raki. Sorte de marc.

Salepi. Thé obtenu avec des bulbes d'orchidée des marais. Excellent.

Retsina. Vin résineux. Goût de térébenthine. Très bon aux repas ; ne se consomme aps seul.

Mastika. Liqueur de mastic.


SPECIALITES


Maridès. Blanchaille au citron.

Vallanida. Anguille de mer frite au riz.

Soupya. Seiche en sauce.

Ochtapodi. Poulpe en sauce.

Dolmades. Viande hâchée cuite dans des feuilles de vigne.

Kephtaydes. Boulettes de viande fortement épicées.

Pastischade. Macaronis farcis.

Barbouni. Mulet rouge grillé.

Melitzanes. Aubergine frite.

Souvlakia. Viande à la broche. Délicieux.

Saganski. Croque-Monsieur ioniens.

Pinnes marines rôties.

Glosa. Sole.

Astacos. Ecrevisses.


PÂTISSERIES

Halva. Pâte de sésame : se présente sous la forme de blocs feuilletés blanchâtres à base de sésame, de miel et d'amandes pilées.

Yaourti. Sorte de lait caillé saupoudré de cannelle.

Loukoumades. Boules de farine au miel frites.

Mandolato. Bonbons.

Pasteli. Nougat.

Autres douceurs : Trigono, Kadaïfi, Baklava, Galactobouri.


MEILLEURES FÊTES VILLAGEOISES

Gastouri. Kastellani. Analyosis. Pantocratoras. Kassopi.


MEILLEURS VINS LOCAUX SUR LE MARCHE


Provata rouge et blanc. Lavranos rouge. Théocriti blanc.

On peut visiter d'excellentes caves à Aphra, à Lakones et à Ypso."

Lawrence Durrell, L'île de Prospero.

dimanche 13 juillet 2008

Quelques remèdes paysans

"1. Pour toutes les fièvres. Infusion de la plante appelée Pharmakouli (une plante d'Erythrée, peut-être E. Centaurea).




2. Maux de reins. Infusions de feuilles de plantain (Plantago coronopus).

3. Maux d'oreille. Les pêcheurs prétendent que la soie brune à l'aide de laquelle la pinne marine se fixe aux rochers est excellente pour les maux d'oreille. On bouche l'oreille avec un tampon de cette soie.

4. Piqûres. Morsures. Appliquer de l'ail et de l'oignon sur la plaie.

5. Piqûres de scorpion. Un scorpion vivant macéré dans une bouteille d'huile d'olive fournit un remède contre les piqûres des autres scorpions. Appliquer cette lotion sur la peau.

6. Dysenterie ou diarrhée. Boucher une petite bouteille de jus de betterave (environ 50 cc.) et la placer au coeur d'une miche de pâte. Faire cuire au four et retirer la bouteille. Boire cette potion à petites doses jusqu'à ce que cessent les symptômes.

7. Blessures ouvertes. Panser les blessures avec une infusion de cônes de cyprès.

8. Malaria. On estime que l'efficacité de la quinine sera accrue si on l'absorbe avec de l'urine d'un enfant non encore sevré.

9. Blessures ouvertes. Un pansement de toile d'araignées ou de tabac de cigarette arrête l'écoulement du sang.

10. Toux. Rhumes. Infusion de mauves.

11. Indigestions. Infusion de feuilles et de fleurs de menthe dans tous les cas de flatulences, indigestions et autres dérangements de l'estomac souvent mélangée à une infusion de fleurs d'oranger.

12. Hémorroïdes. Oignons bouillis dans l'eau, appliqués chauds.

13. Mal de mer. Sucer un citron.

14. Mauvais Oeil. Amulettes de pierres bleues. Coût : 3 drachmes. Tous les chevaux et toutes les automobiles en sont munis.

15. Loup-garou. Une gousse d'ail protège à la fois du loup-garou et des sorcières.

16. Rats. Broyer le coeur des bulbes d'asphodèles avec du fromage ordinaire. La pâte constitue un excellent poison pour les rats.

(17. Manque ?)


18. Maladies de la peau et éruptions. Forte infusion de Sambucco nigra. Appliquer en sinapismes.

19. Dents creuses. Jus de clous de girofle sur un tampon de coton.

Un certain nombre de ces remèdes paysans prouvent une réelle science médicale. Le n° 18 est particulièrement efficace dans le cas des éruptions d'automne, qui sévissent à Corfou vers la fin de l'année."

Lawrence Durrell, L'île de Prospero.

samedi 12 juillet 2008

Alexandrie


"Je pense à tous ces êtres, à tous ces lieux en Afrique, dans cet élément peu familier, comme des hommes presque tropicaux, vaincus par un monde où le compromis est roi. Je les vois recouvrant chaque jour de leurs actes, leurs chants et leurs poèmes tout le monde vaincu des actes et des pensées, dans un petit univers personnel : un univers grec. A l'intérieur de ce monde où les îles gisent enfouies dans la fumée, où les cyprès poussent sur les tombes, ils savent qu'il n'y a rien à dire. Qu'il faut s'exercer à la patience. La patience, l'endurance et l'amour. Quelques-uns d'entre nous ont quitté la scène ; certains ont vu leur amour mué en bile noire par le malheur auxquels ils ont assisté. Nimiec est mort dans une boite de nuit à Athènes. Spiro est mort dans sa maison aux murs tapissés de vigne. Théodore, dans l'armée britannique en Italie, ponctue le silence par des lettres bien caractéristiques commençant toutes par ces mots : "Vous rappelez-vous ?" Zarian est à Genève. Son silence est absolu. Caroline, Mitsu, Rosemary sont au Caire. Le Comte est quelque part dans les montagnes de l'Epire - philosophe aux poches bourrées de dynamite. Bocklin est sur le front russe. La maison blanche a été bombardée ainsi que le bateau. L'histoire, avec ses changements douloureux et inattendus, ne s'apitoie ni ne se rappelle ; la pitié, le souvenir, c'est là notre fonction.

Le jour de la déclaration de la guerre nous nous tenions sur le balcon de la maison blanche sous une pluie verte qui tombait des entrailles du ciel sur la surface vitreuse du lagon. Nous détruisions des papiers et des livres, vidions les placards et empaquetions nos vêtements, absorbés tous deux dans le coeur intérieur du sombre cristal, et pas encore conscient d'une séparation.

En avril 1941, étendu sur le pont entièrement plongé dans l'obscurité d'un caïque passant au large de Matapan en route vers la Crète, je me remémorai cette pluie verte sur un balcon blanc, à l'ombre de l'Albanie ; j'y songeais avec un regret si voluptueux et si profond qu'il n'éveillait aucune émotion. Vu à travers le prisme déformant du souvenir le passé avait des couleurs si enchanteresses que la pensée elle-même serait indigne de lui. Nous n'en parlons jamais, car nous lui avons échappé : la maison en ruine, le petit cotre noir fracassé. Je pense seulement que le sanctuaire avec ses cyprès noirs et le petit creux de rochers où nous nous baignions doivent subsister. Visité par les lourds brouillards d'été le paysage tremblant doit rester immobile tout au long des après-midi, rougeoyant et changeant comme une aquarelle chinoise où la lumière du ciel semble couler. Mais toutes ces pages écrites à la hâte ne peuvent faire revivre qu'une toute petite fraction de ce passé."

Lawrence Durrell, L'île de Prospero.

Les vendanges


"1er janvier 1941.

Une carte postale du Comte : "Noël. Je l'ai passé seul avec le souvenir de l'année dernière, lorsque nous traversions les marais du nord et que vous avez été attaqué par un lièvre blessé... vous vous rappelez ? Pour perpétuer le souvenir de notre immortel printemps, j'ai cueilli un bouquet de fleurs de la vallée - des fleurs de toutes les saisons. Des cyclamen et des perce-neige. Des iris de février et une jonquille, des quintefeuilles, des bugloss, des soucis, des fleurs d'oranger, du trèfle et de l'aubépine. Spiro a demandé à son pilote de vous l'envoyer, et vous devez l'avoir reçu aujourd'hui. C'est là mon invitation pour l'année prochaine. N'oubliez pas."

Lawrence Durrell, L'île de Prospero.

Paysage aux oliviers

"On m'a demandé un jour d'écrire une brève histoire de la sculpture grecque du VI° siècle. Mon éditeur a refusé mon article parce que je montrais que la sculpture du VI° siècle atteignait son apogée avec Maillol, un artiste dont mon bonhomme n'avait jamais entendu le nom. Il me fit savoir que je ne pouvais pas traiter l'histoire de cette façon. il me fit savoir la chose avec exactement le même ton de voix que mon censeur le jour où je vis pour la première fois une statue de Maillol dont les rapports avec le monde méditerranéen sont si évidents. Mais il suffit d'étudier Maillol pour voir qu'il n'appartient pas à notre temps et à notre espace, mais au leur, au temps et à l'espace des Grecs du VI° siècle."

Lawrence Durrell, L'île de Prospero.

Histoire et hypothèses


"5 janvier 1938

Mon frère, parti chasser le lapin dans l'île de Vido, rapporte cette conversation avec un homme qui s'apprêtait à partir pour le continent dans un bateau à rames.
"- Bonjour.
- Bonjour.
- D'où venez-vous ?
- De la prison.
- Où allez-vous ?
- Chez moi. J'y vais tous les week-ends.
- A combien êtes-vous condamné ?
- A perpétuité. J'ai commis un meurtre."

Lawrence Durrell, L'île de Prospero.

Karaghiosis : un héros laïc


"Toute la Grèce est sur cette scène : la place du Marché, la rangée de silhouettes turques, la merveilleuse souplesse de la pensée et la facilité verbale, la tendresse et la vulgarité. Le tout avec très peu d'allusions au paysage. Karaghiosis, dont l'humour est de type citadin, est pourtant auréolé d'un temps où lui et ses pareils étaient de farouches montagnards habitants sur le pourtour de la mer Noire qui conservent encore avec ténacité des manières d'être et une prononciation que le Pirée a oubliées et qui ne sont plus pour elle que matière à plaisanterie. Sur ce petit écran éblouissant c'est tout le mystère laïque de la Grèce resté si longtemps enfoui dans les montagnes et les îles - dans les bois et les vallées de l'archipel qui se révèle à l'état brut, tout l'esprit et l'extraordinaire faculté d'adaptation des Grecs dont l'humour et l'ironie mordante ont rayonné dans tous les coins du globe.

Nous avons fait maintenant connaissance avec un certain nombre de personnages qui vont devenir familiers dans l'immortel cycle de Karaghiosis : Gnio-Gnio, le fou en jaquette et haut-de-forme dont le parler chantant de Zante est une joie pour l'oreille ; les petits Juifs de Salonique vêtus de longues robes informes comme des sacs, intelligents et diserts, les mains croisées sur leur poitrine. Il y a même un personnage inhabituel appelé "Le Lord", vêtu comme le Père Nicolas doit imaginer que sont tous les Anglais : redingote, fleur à la boutonnière, demi-guêtres, chapeau haut-de-forme. Il y a encore le terrifiant Stavrakas du Pirée dont la vanité et la vulgarité provoquent à juste titre les quolibets des enfants. Il y a le Grand Vizir, personnage sympathique d'une taille imposante, sans oublier le Cadi, qui fait distribuer des coups de bâton avec une froideur et un détachement impersonnel."

Lawrence Durrell, L'île de Prospero.

Profils ioniens


"Vous vous réveillez un beau matin vers la fin de l'automne et vous remarquez que la teinte de toutes les choses a changé. Le ciel a des nuances de perle plus profondes. Le soleil se lèvre comme une boule de sang, et il y a de la neige sur l'Albanie. La mer est de plomb, apathique, et les oliviers sont d'un gris platine intense. Des feux fument dans les villages, et l'haleine de Maria forme un petit nuage blanc devant sa bouche quand elle emmène ses moutons vers la pointe. Elle reste toute la matinée accroupie parmi les fougères et les myrtes, en chantant de sa petite voix fatiguée de sorcière, tandis que les clochettes de ses moutons tintent tristement autour d'elle. Enveloppée dans une couverture rapiécée, chaussée de vieilles savates de cuir, elle file une laine grossière sur sa quenouille. Plus tard, sur le métier de la remise, Hélène tissera les rudes couvertures de couleur que les bergers emportent avec eux quand ils gardent leurs moutons au début de l'hiver. Maria regarde les jeunes femmes qui cueillent les olives, et crache d'un air méprisant avant de reprendre sa petite chanson - qui parle de deux corbeaux perchés sur un olivier. Au loin, sur le chenal la silhouette noire d'un bateau immobile, comme un insecte posé sur une feuille. Il est temps de couper des bûches pour la grande cheminée que nous avons construite nous-mêmes, et qui empliront notre salle de la riche odeur de cyprès, de goudron, de vernis et d'huile de lin. Il est temps de se préparer aux premières bourrasques."

Lawrence Durrell, L'île de Prospero.

Le Saint de l'île


"La prière est une sorte de marché, et l'on se conduit avec le Saint avec une grossière familiarité. Le ton de la voix (c'est-à-dire le timbre de la voix intérieure, car si les lèvres bougent, la prière est muette) est celui que l'on prendrait avec un enfant récalcitrant. Il ne s'agit pas de l'implorer humblement, en acceptant par avance ses décrets ; le suppliant, quelle que soit sa requête, estime qu'elle mérite d'être prise en considération, qu'elle est conforme à la plus élémentaire logique. C'est ce que l'on pourrait appeler "le style persuasif", et qui demande de la part du Saint une attitude non moins déterminée. Il n'est pas rare en effet que de telles requêtes non seulement ne soient pas prises en considération, mais que de nouveaux fardeaux accablent le malheureux solliciteur. Ainsi Karamanos, le constructeur de canots, qui essaya d'obtenir la guérison de son épilepsie par des prières prolongées et de très nombreuses offrandes de cierges : non seulement son épilepsie empira, mais il contracta par-dessus le marché une méningite dont il faillit mourir. Sa femme expliquait la chose en disant que le Saint avait vu à travers lui, et qu'il avait décelé en lui un libertin au langage ordurier. Karamanos était pourtant le personnage le plus modeste, le plus pieux et le plus travailleur du village ; le Saint avait-il une vue plus pénétrante que nous tous, ou bien l'avait-il confondu avec son frère Basile qui, lui, répondait assez bien à la description ?"

Lawrence Durrell, L'île de Prospero.

Divisions sur le sol grec

"28 mai 1937

Dans de tels moments nous ne parlons jamais ; mais je ressens plus fortement, dans cette irréelle lumière, la présence de deux bras bruns, d'une gorge brune, et des orteils bruns dans des sandales. Une centaine d'images simultanées m'étourdissent l'esprit. Le bol plein de roses sauvages. Les fourchettes et les couteaux anglais. Les cigarettes grecques. Le carnet tout froissé, taché par l'eau de mer, où j'ai noté mes poèmes. La corde et la rame sous l'arbre. Le trop-plein de la presse à olives que l'on recueillera pour garnir les lampes. Le tas de pierres destiné à la construction d'un mur autour du jardin. Un seau et une hache. La paysanne qui traverse le verger, vêtue d'une robe blanche. La chèvre qui n'arrête pas de tousser dans la grange. Toutes ces images prennent corps et substance autour du petit cône jaune de la flamme où N... coupe du fromage et lave les raisins. Une seule bougie qui brûle sur une table entre nos deux bonheurs."

Lawrence Durrell, L'île de Prospero.

mardi 8 juillet 2008

Îmân


"Celui qui marchait dans les ténèbres des nuits observa les étoiles et alluma la lampe,
jusqu'au moment où, la pleine lune dirigeant sa lumière, il délaissa les étoiles et attendit d'être au matin,
jusqu'au moment où, l'obscurité s'étant entièrement dissipée, et ayant vu l'aurore briller à l'horizon,
il délaissa les lampes, toutes les étoiles et la pleine lune, et guetta la lumière éclatante."

Cirés par Ibn Arabî in La profession de foi

lundi 7 juillet 2008

Un regard pour un souffle

photo : Steve Ryan

"Tombé soudain là sous mes pas du plus lointain de cet espace et de ce temps coalisés pour nous confondre ce faible souffle sur le sol entre le mur et le buisson me fait trembler d'effroi de joie de gratitude et de vertige car il contient mais inversée la même charge sans mesure que mon regard lorsque l'été lorsque la nuit droit vers le ciel s'élance et plane vidée de poids et de pensée mon esprit simple et démuni qui ne croit rien que ce qu'il touche et se sent proche des points d'or disséminés ici et là même de l'astre le plus pâle et le plus seul à peine vu ni reconnu sur le gravier et pas à pas franchi le seuil où rien n'est plus qui nous réponde je m'aventure hors de moi-même vers ma fin sans m'adresser à tant d'énigmes torturantes à ce soleil à cet amour qui m'ont fait naître et m'ont fait vivre à ces splendeurs qui vont s'éteindre à ces horreurs qui vont cesser à cet espoir qui va dormir à toute main que j'ai serrée à toute lèvre que j'ai bue aucun reproche ni regret car la souffrance est dépassée car la mémoire est en deçà du pur instant du seul regard navigateur qui m'a quitté pour le voyage sans retour."

Jean Tardieu, L'accent grave et l'accent aigu.

dimanche 6 juillet 2008

Le chevalier à l'armure étincelante


"Vieil homme vieil homme
arbre à la dure écorce
de quels bourgeons es-tu capable encore ?

Est-ce que soudain tu recommences ?
Est-ce bien toi qui regardes qui entends ?
Où vas-tu, mon chemin ?
Je ne te voyais plus dans la forêt
Un éclair, mille éclairs
percent l'ombre et m'illuminent

Qui a vécu vivra
Un reflet perdu
Une voix chante et s'éloigne

Pour un rayon pour un regard pour un visage
j'adore ton retour sans fin
Ô vie interrompue
toujours reprise

De ce torrent source cachée
je détourne le cours
jusqu'à l'infinitude
au-delà de la mort."

Jean Tardieu, L'accent grave et l'accent aigu.

jeudi 3 juillet 2008

Dieu, le Murîd

"Il n'y a en réalité dans l'Existence pas d'autre "voulant" (murîd) que Lui, car Il est celui qui dit : "Et vous ne voudrez qu'autant que Dieu voudra."



Réflexion un peu étonnante qui ouvre certains horizons, si l'on se souvient que le murîd, c'est le disciple, l'élève soufi du murshid (guide), celui qui commence, au début de sa route, par être en désir ou en "vouloir", avant d'atteindre les étapes où il n'y a plus volonté ni désir, puisque le voyageur est arrivé. Bien sûr, le Sheikh al-Akbar tire là ce sens du côté de la volonté, mais en même temps, c'est comme s'il disait à tous les murîds qu'ils ont un condisciple éternel (alors que l'éternel guide des guides c'est Khidr).

On s'en fout

Ingrid va rentrer en France.

mercredi 2 juillet 2008

L'Orient noir d'Adonis


"L'abîme m'a appris que nous ne pouvons comprendre un problème que par l'intermédiaire d'un autre problème et à travers lui, comme si l'homme n'avançait pas en allant de l'obscur à la lumière, ainsi qu'on le pense, mais en se dirigeant vers une autre sorte d'obscur, moins épais. Cette différence entre deux obscurité, nous l'appelons lumière."

Amusant comme il prend l'exact chemin opposé des "illuministes" néo-platoniciens et surtout du Sohrawardi pour qui tout est lumières mais avec une différence de graduation dans leur puissance au fur et à mesure qu'elles s'engendrent de leur source. De même "cette différence entre deux obscurités, nous l'appelons lumière" rappelle la définition du barzakh par Ibn Arabî comme "une séparation idéale entre deux choses voisines, qui jamais n'empiètent l'une sur l'autre; c'est, par exemple, la limite qui sépare la zone d'ombre et la zone éclairée par le soleil." Mais Ibn Arabî ne dit pas que le barzakh est ombre ou soleil mais justement cette imperceptible et pourtant permanente frontière entre les deux, alors que Sohrawardî voit le barzakh comme l'écran de la matière barrant l'accès à la lumière ou l'opacifiant. C'est alors qu'Adonis fait un éloge de l'obscurité, dans une irréductible opposition à la lumière plotinienne, des avicenniens ou des autres "émanatistes" et "illuministes" et "ishraqiyun" :

"Heureusement pour l'homme et pour la poésie, il n'existe pas de clarté suffisante pour effacer l'obscur dans l'homme et dans les choses. Si la clarté devenait maîtresse du monde, la vie en serait altérée, et la poésie défaite." La nuit arabe vs le soleil iranien ? Je n'aime pas trop ces systématismes mais il y a quand même un peu de ça, dirait-on. Ainsi, pour lui, l'Orient, c'est le chaos, c'est la nuit, toutes choses qui sont du monde d'Ahriman pour un Iranien, la ténèbre c'est le mal, comme tout ce qui est corps et fait obstacle à la Lumière. Et pourtant, lui aussi se revendique "oriental", mais d'un Orient noir, inversé, comme le soleil de minuit :

"Géographiquement, j'appartiens à un pays situé dans la moitié orientale du monde. Mais si je suis natif de cet Orient, c'est d'abord parce que je crée mon propre Orient. Je ne lui appartiens que dans la mesure où lui-même m'appartient. Cet Orient est tout à la fois mémoire et oubli, présence et absence. Il affirme le chaos dont on ne sait s'il est l'argile ou la main, la lumière ou la nuit, le rien ou le tout. L'Orient, pour moi, est indéfinissable, l'étendue vacante, l'homme en son errance originelle. Lorsque je pense à lui, je m'interroge : la poésie, dans ses multiples façons, peut-elle ne pas signifier cet Orient ?"

Là encore s'il y a des accents très semblables à "l'Orient intérieur" du Sohrawardi, qui n'a rien à voir lui non plus avec la géographie, la définition du Syrien en est le négatif parfait. En toute logique cependant, dire que l'Orient c'est la lumière serait plus juste, puisque c'est tout de même bien de là que monte l'Ishraq c'est-à-dire le soleil naissant ! et son pôle de déréliction obscure ressortirait plutôt de "l'exil occidental". La clef de cette différence est peut-être dans la fin : "la poésie, dans ses multiples façons, peut-elle ne pas signifier cet Orient ?" Si l'Orient, pour Adonis, c'est la poésie, pour Shihâb ad-Dîn, c'était de façon plus ambitieuse la Connaissance (ma'refat), soit la Lumière absolue, celle dont justement le poète nous dit que "si la clarté devenait maîtresse du monde, la vie en serait altérée, et la poésie défaite." Pourquoi ? On comprend quand il parle de l'arabe :

"J'écris en arabe? Dans cette langue, la présence s'identifie à l'invisible. Le monde y est absent, quoique visible. L'homme, selon cette vision, est un état continuel d'absence. La vérité réside au sein de la langue en tant que dévoilement de l'essence du monde à travers les mots dont Dieu a fait usage. En ce sens, l'être lui-même y est une langue. Les vivants sont endormis, ils se réveilleront après la mort. Ecrire la poésie dans cette langue et dans son génie, c'est dévoiler l'invisible et l'abîme de l'absence qui nous en sépare. Ecrire la poésie, c'est s'attacher à dire une "chose" et cette "chose" en arabe est l'abîme même et l'invisible." Voilà, la parole ici, ce n'est pas le "kun faqan" créateur de la chose, mais le barzakh, l'entre-deux. "Si la poésie a quelque pouvoir de fonder, elle fonde ici la présence de l'invisible. L'écriture, en arabe, enseigne seulement que la patrie n'est pas un lieu, qu'elle ne se situe nulle part. Elle enseigne qu'elle est elle-même la patrie. Elle m'a appris comment je pourrais dire : mon corps est mon pays".

Et là encore, exact opposé du gnostique qui dit "mon corps est mon exil".

Oui, mais pourquoi la clarté victorieuse en toutes places détruirait la poésie ? Parce que : "La poésie, à mes yeux, complète l'homme, elle n'est en rien son image. Je n'avais aucun souci de créer une harmonie entre le monde et moi, mais j'avais toujours le regard fixé sur l'abîme qui se situe entre nous. Je n'ai donc pas écrit de poésie dans le dessin de combler cet abîme, mais comme errance au-dedans de lui et comme exploration."

Ainsi il s'agit d'explorer le barzakh et surtout ne jamais sortir de cette ligne de fracture ; on comprend donc toute la logique de cette position de "gnostique inversé", qui est celui de l'exil volontaire, dans un retournement qui dit "mon exil est ma patrie, et donc "l'errance originelle" n'est plus l'exil occidental, mais oriental.

Mémoire du vent

mardi 1 juillet 2008

Questionnaire du Moine chantant

1)Quel(s) souvenir(s) avez-vous de votre apprentissage de la lecture ?

Aucun. Ce fut rapide et sans douleur, sans doute. Je me souviens qu'un an auparavant, je trépignais pour que l'on m'apprenne à lire. Mais il fallait attendre, pour cela, "d'aller à la grande école". Quand ce fut le cas à Noël je savais lire, mais à l'époque c'était l'objectif général, ce n'était pas un exploit. Simplement à la fin de l'année il y avait ceux qui ânonnaient encore et ceux qui lisaient couramment. Je me souviens avoir ânonné au début sur Le Livre de la jungle, version Walt Disney, et avoir précisément buté sur le nom Walt Disney.

2)Vos lectures préférées lorsque vous étiez enfant ?

En vrac : Le Livre de la jungle (version enfant et Kipling ensuite). 20 000 lieues sous les mers et Jules Verne en général. Le Club des Cinq, Amadou le bouquillon, Le Pays où l'on n'arrive jamais, l'Etalon noir, Le prince Eric, Mykir, le Journal d'Anne Frank, Les Rois maudits, les Contes et légendes, les Tout l'univers... J'étais aussi fan de zoologie, incollable sur les espèces, et avais une grosse bibliothèque de livres sur le monde animal.

3)Aimez-vous la lecture à haute voix ? Comment ? Pourquoi ?

Pour certains livres, oui, cela s'impose, quand la phrase est belle, équilibrée, sonore, mais c'est une question de balance, de rythme plutôt que de musicalité. Exemple : la Métaphysique d'Aristote pour moi, appelle la lecture sonore, tellement la phrase est parfaite.

4)Votre conte préféré ?

En règle générale, je n'aime pas les contes. Même quand j'étais enfant je préférais les mythes, les légendes. Les contes sont trop prévisibles, je crois. Par contre j'adore le genre des "séances", comme les Maqamat de Hariri, des récits et anecdotes, comme ceux d'al Qalyoubî, ou les fables en prose du Kalila wa Dimna.

5)La meilleure adaptation cinématographique d'un roman ou d'une pièce de théâtre ?

La Mort à Venise et Le Guépard par Visconti, Le Temps retrouvé de Ruiz, Capitaine Conan, et pour le théâtre, Henry V et Beaucoup de bruit pour rien de Brannagh.

6)Apprenez-vous par cœur certains poèmes, répliques de théâtre ou passages de roman ?

J'ai longtemps essayé d'apprendre par coeur le Bateau ivre, Voyelles, les Bijoux, L'Emigrant de Lander Road, et puis par flemme j'oubliais. Le seul poème qui est resté gravé en moi sans effort et y est resté depuis des années est le Bal des pendus, de Villon, je ne sais pourquoi.

Pour le théâtre, ce ne fut pas volontaire, mais j'ai tellement lu et relu La Guerre de Troie n'aura pas lieu depuis l'âge de 17 ans, que j'en connais des répliques voire des scènes par coeur.

7)Avez-vous des livres ou des magazines dans vos toilettes ? Lesquels ?

Régulièrement un gros livre peu commode à lire dans le train ou à emmener, ou que j'ai envie de relire par petits bouts. Exemple : les Oeuvres complètes de Nietzsche, de Wilde, Les Mémoires de Retz.

8)Avez-vous plusieurs lectures en chantier ? Combien ? Lesquelles ?

J'ai toujours plusieurs livres en cours, parce que je ne lis pas la même chose selon le moment de la journée. Là, pour le moment, dans les chiottes, j'ai rien. Dans le train The Ballad of the Sad Café. Au bureau, Mémoire du vent et je viens de recevoir La Profession de foi d'Ibn Arabî.

9)Le poète que vous ne cesserez jamais de relire / de vous réciter ?

Je n'ai pas le culte de la poésie, par rapport à la prose. Je n'ai donc pas de poète fétiche et mes plus grosses émotions littéraires ont le plus souvent été des romans ou des essais. J'aime la poésie, mais ce n'est pas un poème que j'aurai aux lèvres à l'heure de ma mort, c'est un essai philosophique.

10)Le livre que vous avez lu le plus rapidement ? Le plus lentement ?

Je lis très rapidement par rapport à un lecteur "normal". Je ne me rend pas compte. Ce n'est même pas une question d'intérêt. Un livre petit, écrit gros, me fera 30 ou 20 minutes de lecture, qu'il soit passionnant ou non. A l'inverse, je peux lire ou relire plus lentement certains livres que j'aime pour ne pas les quitter trop vite.

Si un livre m'ennuie ou que je le trouve mauvais, je laisse tomber, ou lis en diagonale pour connaitre la fin et je m'en débarrasse.


11)Le(s) livre(s) que vous ne rangez jamais dans votre bibliothèque et qui traîne(nt) toujours ?

Plein de bouquins "utilitaires", qu'il est toujours bon d'avoir à portée de main. Le Yi King, les Dialogues avec l'Ange en ce moment, The Lord of the rings.

12)Préférez-vous les éditions de poche aux éditions originales ? Pourquoi ?

Oui pour le peu de poids, de place, le coût, encore que maintenant on trouve des occasions moins chères qu'un poche neuf. Mais pour moi un livre c'est un compagnon qu'idéalement, on met dans sa poche ou son sac pour la journée. Je ne parle pas des voyages où même un poche, multiplié par 10, pèse une tonne. Vivement les ebook, kindle, etc.

13)Quel est votre rapport physique à la lecture ? Debout ? Assis ? Couché ?

Debout, c'est rare, je suis flemmarde et en marchant vaut mieux pas, je suis trop distraite. Assise ou couchée c'est bien, de préférence assise.

14)Vos lectures sont-elles commentées « crayon à la main » ?

Je souligne les passages ou fais une petite croix sur la page, je recopie ici les citations et commente sur ce blog. Je n'ai jamais écrit de notes sur un livre, ça m'aurait semblé comique de m'adresser mes propres commentaires !

15)Offrez-vous des livres ?

Oui. J'aime beaucoup, et surtout trouver le bon livre pour la bonne personne ou qui tombe à ce moment pile de sa vie. Je n'offre pas forcément les livres que moi, j'aime, tant c'est un lien affectif unique, presque entre murid et murshid. Il faut trouver le bon petit caillou blanc pour la bonne personne.

16)La plus belle dédicace ? (Qu'elle soit de l'auteur ou de celui/celle qui vous l'offrît)

Je ne l'ai pas encore reçue. Je l'attends. Elle viendra.

17)Quel est votre rapport sensuel au livre ? (son odeur, sa texture, le son des pages tournées, …)

Presque inexistant. La couverture, un peu, la beauté de certaines pages, des illustrations, ou la calligraphie, de la typo, très peu. C'est pour cela que je suis la cliente idéale pour les kindle.

18)Quel(s) est (sont) le(s) auteur(s) dont vous avez lu l'œuvre intégrale ?

Beaucoup, je crois. Comme la plupart des gens si l'on pense au nombre d'auteurs qui n'ont écrit qu'un, deux, trois livres ! Sinon, en règle générale, quand il existe une édition intégrale à un prix abordable je la préfère systématiquement. Dans le même esprit j'ai horreur des anthologie, des "choix de texte" etc. Je 'aime pas qu'on décide pour moi ce que je dois lire.

19)Un livre qui vous a particulièrement fait rire ?

Il est rare que je m'éclate en lisant. Ou alors est-ce que j'ai des lectures tristes ? Je souris plus fréquemment. Mais souvent, oui, j'éclate de rire en lisant Jankélévitch : "Les détracteurs de la charité se recrutent dans le même camp que ceux de l'humilité : parmi les biologistes partisans de la sélection naturelle, parmi les avocats de la dignité personnelle, et parmi les socialistes." ou : l'"Honneur" servant de dignité aux consciences moyennes;" ou "En dehors de Boris Godounov et de Macbeth, tout le monde, en général, a bonne conscience." Ou : "Jésus meurt une seule fois pour tous les hommes ; mais Dionysos n'en a jamais fini de se dévouer".


20)Un livre qui vous a particulièrement ému ?

Comme pour le rire, je pleure plus volontiers au cinéma. Il y a des livres qui m'émeuvent toujours, ce sont les vrais mystiques, les hommes de lumière du monde iranien (surtout ceux qui finirent assassinés). Ceux-là me poignent, et je ne sais jamais si c'est douleur ou bonheur.

21)Le livre qui vous a terrifié ?

Les mauvais livres m'abattent, me dépriment, ils ne me terrifient pas. Là-dessus je suis très iranienne : il y a le camp des bons, qui est, et celui des mauvais, qui n'existe pas car le mal est la non ipséité.

Pour les livres de terreur programmée, j'aime bien les thriller de temps à autre, ou j'aimais Stephen King avant qu'il ne ponde ses indigestes et interminables daubes, mais ça me faisait palpiter, ça ne me terrifiait pas.

22)Le livre qui vous a fait pleurer ?

Comme dans la vie : dès qu'il y a une bête qui meurt et qui souffre dans une histoire, je chouine. Le pire : Ces Bêtes qu'on dit sauvages, d'André Demaison. Quant aux histoires naturelles de Jules Renard jamais pu les lire en entier, trop terribles.

23)L'avertissement / l'introduction qui vous a le plus marqué ?

L'injonction d'un certain Yahyâ avertissant qu'avant de lire sa Sagesse, il fallait faire 40 jours de retraite et jeûne, passer dans l'outre-monde et revenir. Je lui dis à chaque fois "tu sais que je t'adore, mais tu peux courir, mon bon...'

24)Le titre le plus marquant / original / décalé / astucieux ?

Il y a des tas de titres magnifiques, des écrivains qui ont le don du titre (quelle que soit la qualité du livres). Je les envie beaucoup. Carson McCullers par exemple a un don terrible (en plus d'assurer dans le contenu) : Le Coeur est un chasseur solitaire, la Ballade du Café triste, Reflet dans un oeil d'or, L'horloge sans aiguille...

25)Décrivez votre (vos) bibliothèque(s).

En cours de classement lecture depuis mon dernier déménagement. En gros ceux que je lis ou relis sont classés au fur et à mesure, le reste attendant, en vrac. Classement : Occident chrétien, Islam, Inde, Extrême Orient, Afrique non musulmane. A l'intérieur des continents, classement alphabétique par langues pour le monde chrétien, mais pas pour l'islam car trop d'auteurs étaient bilingues.

Les étagères hautes sont pour les livres de format normal, j'ai intercalé des plus petites pour caser les poches, avec double rangée. Tout pour gagner de la place : j'ai une longue entrée avec un couloir interminable, au lieu de tout casser, j'ai casé mes livres tout le long.


26)Le(s) livre(s) dont vous vous êtes finalement débarrassé(s) ?

Dès qu'un livre m'ennuie, me déplait, ou ne me convient plus je songe à m'en débarrasser. La question est : comment ? Je n'aime pas jeter les livres (ce qui est idiot quand on pense au pilon) ; J'ai scrupule à donner un livre qui ne me plait pas. Des fois j'en laisse dans le train. Ou quand une daube me met vraiment en rage, poubelle

27)L'endroit le plus insolite où vous lisez ?

Il n'y a pas d'endroit insolite, étant assez libre de mes mouvements, je peux lire partout, même au travail. J'aimerai lire dans des moments où je m'ennuie, mais en général ce sont les seuls où ça m'est difficile de sortir un livre en attendant que ça se passe : réunions de travail, familiales, etc.

28)Il ne vous reste que trois jours à vivre, que souhaitez-vous lire ou relire ?

La Sagesse orientale.

29)Votre livre d'art préféré ?

J'aime pas trop les livres d'art, préférant nettement aller voir sur place, dans les musées ou devant les monuments. Je préfère de toute façon les catalogues, plus sérieux, concrets, informatifs, sans bla bla creux.

30)La bibliothèque idéale ?

Dans ma tête, ma mémoire, et sur ce blog.

31)L'incipit qui vous a le plus marqué

"Il était sept heures du soir, sur les collines de Seeonee. "

32)La fin qui vous a le plus marqué

Le monologue de Molly à la fin d'Ulysse, le I had my vision du Phare, la pièce de puzzle manquant de La vie mode d'emploi.

Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.