mercredi 7 mai 2008

M. de Bouillon

"Mme de Bouillon, qui fit réflexion à ce que je lui avais dit cinquante fois, des inconvénients qu'il y avait à ne pas engager pleinement et entièrement le Parlement, s'écria en se jetant sur le lit de monsieur son mari : "Ah ! qui l'eût dit ? Y avez-vous seulement jamais pensé ? - Non, Madame, lui répondis-je, je n'ai pas cru que le Parlement pût faire la paix aujourd'hui ; mais j'ai cru, comme bien savez, qu'il la ferait très mal si nous le laissions faire : il ne m'a trompé qu'au temps." M. de Bouillon prit la parole : "Il ne l'a que trop dit, il ne nous l'a que trop prédit ; nous avons fait la faute tout entière." Je vous confesse que ce mot de M. de Bouillon m'inspira une nouvelle espèce de respect pour lui ; car il est, à mon sens, d'un plus grand homme de savoir avouer sa faute que de savoir ne la pas faire."
"L'un des plus grands défauts des hommes est qu'ils cherchent presque toujours dans les malheurs qui leur arrivent par leurs fautes, des excuses devant que d'y chercher des remèdes ; ce qui fait qu'ils y trouvent très souvent trop tard les remèdes, qu'ils n'y cherchent pas d'assez bonne heure. Voilà ce qui arriva chez M. de Bouillon.

Mémoires, Cardinal de Retz.

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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.