lundi 2 avril 2007

Toi, le brigand


"Jouer une mélodie, qu'on puisse lancer un cri qui s'y accorde ! Récite un poème, qu'on puisse avec lui trinquer par de lourdes coupes !


Si l'on peut poser sa tête sur le seuil de l'Aimé, on peut clamer vers le ciel sa grandeur !


Notre taille courbée te paraît ordinaire, mais grâce à cet arc on peut tirer une flèche dans l'oeil des ennemis.


Les mystères du jeu d'amour ne tiennent pas à l'intérieur du couvent. En compagnie des Mages on peut même boire à la coupe du vin de Mage.


Le pauvre ne dispose pas des offrandes servies au palais du prince. Nous n'avons qu'un vieux froc auquel on peut mettre le feu !


Les êtres au regard pénétrant jouent et perdent les deux mondes d'un seul regard. Tel est l'amour, que dès la première mise on peut engager sa vie présente.



Si la bonne fortune de l'union à Lui veut ouvrir une porte, sur son seuil on pourra, à cette pensée, mettre bien des têtes soumises.


Amour, jeunesse et libertinage, voilà ramasser ce qu'on peut désirer. Quand ce qu'on veut dire est assemblé, on peut se lancer à l'exposer.


Ta chevelure est devenue le brigand du chemin de l'aisance et il n'est pas étonnant que si c'est Toi le brigand, on peut intercepter cent caravanes !


Hâfez, au nom du Coran je t'adjure de revenir de l'hypocrisie et de la duplicité ! Peut-être pourrait-on lancer la balle d'une vie heureuse ici-bas."


Le Divân : Oeuvre lyrique d'un spirituel en Perse au XIVe siècle, Hâfez, ghazal 150, trad. Charles-Henri de Fouchécour.

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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.