jeudi 22 mars 2007

"Je fonds d'admiration devant ma propre sincérité"


Je me demande dans quelle mesure, quand, dans sa parodie des vertueux épris d'eux-mêmes, Jankélévitch quand il parlait de ce moment brévissime de la sincérité innocente, celle qui n'a pas encore pris conscience d'elle-même, juste avant que le sincère réalise sa sincérité et fonde d'amiration devant elle et lui, je me demande s'il n'avait pas à l'esprit le chapitre 4 des Frères Karamazov, intitulé "une dame de peu de foi", où le Staretz Zosime parle avec la mère de Lise de "l'amour agissant" et où, pas complètement dupe des aveux "sincères" de la pénitente, lui rétorque avec finesse : "Si vous parlez si sincèrement, simplement pour gagner l'approbation par votre franchise, comme vous vous venez juste de le faire avec moi, vous n'arriverez à rien dans l'achèvement du véritable amour."


Par ailleurs l'institution des "starezt" ressemble très fort à celle des sheikhs, de même la dévotion russe pour les "innocents bénis", c'est à se demander qui a influencé l'autre, l'antériorité du christianisme n'étant pas forcément un fait déterminant. Il y a peut-être aussi une source commune qui vient d'Asie centrale, et qui s'est ainsi propagée dans le christianisme russe et l'islam turco-persan.

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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.