jeudi 18 août 2005

La Face d'un autre


Alors le masque commença d'épaissir jusqu'à devenir une fortification de béton m'entourant. Et moi, enveloppé entièrement par cette armure de béton, sortis de nuit dans la ville, avec l'assurance d'une troupe de chasseurs lourdement armés. Je regardai par le créneau et la ville me sembla être une réunion de niches pour chats sauvages infirmes. Chacun y cherchait sa queue, son oreille ou sa patte coupée. Tous se croisaient en ayant l'air affamé et rôdaient en reniflant avec méfiance. Quant à moi, caché derrière le masque sans nom ni état ni âge, je jouissais en triomphe d'une sécurité promise à moi seul. Si leur liberté était limitée par un verre dépoli, la mienne ne l'était que par du verre transparent. D'emblée, mon désir avait atteint au point d'ébullition et je ne pouvais me retenir d'expérimenter ma liberté. On ne se comporte souvent que comme si la vie n'était en fait que l'accumulation de liberté. Mais ce n'est qu'une illusion causée par la perpétuelle pénurie de celle-ci. Quand on donne à la vie ce but erroné, on finit par discuter de ce qui se trouve au-delà des limites de l'univers. Et, à partir de ce moment-là, il n'y a plus d'autres ressources que celle de devenir aliéné ou mystique."


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.