dimanche 13 février 2005

Le Faisan d'or


Le Faisan d'or de Marat Sarulu. Beau film, beaucoup de charme, le noir et blanc (pour des raisons d'économie) convient bien à la mise en scène de la nature (forêt, steppe), en la magnifiant, un peu comme dans Rashomon. Le premier volet, celui des enfants est très naturaliste,on observe les jeux des enfants comme une nichée de louveteaux s'ébattant dans la forêt. Même jeu de caméra que dans les reportages de la BBC sur le thème "lionceaux dans la savane" : pas d'explication, de commentaires, on regarde les gamins se disputer, rire, s'échapper, suivre le rail, de temps à autre pause sur un oiseau, un arbre, un paysan kirghize, de façon aussi neutre, aussi égalitaire, et en même temps sans les raboter, au contraire, la forêt, le ciel est habitée d'un esprit, comme les feux du train, comme le train lui-même. C'est ça qui est bien avec la culture chamane, on n'a pas cet insupportable homocentrisme biblique ou même grec, qui met l'homme dans le décor de la création, point. Les films asiatiques, qu'ils soient de culture boudhique, shintoistes, chamaniste, ont bien cette puissance qui fait d'une goutte de lumière sur une feuille d'arbre un signe, une part du scénario, d'un arbre, d'une pierre, un acteur.

Puis on passe dans le train, relié mythiquement et avec humour à la Route de la soie, plusieurs scénettes, des vies qui se croisent, voyous, peintre, femme amère et mal mariée, jeunes gens rigolards, et ce train qui file comme la vie, tant pis pour les mauvais aiguillages, ou tant mieux...

Le dernier volet, la chute, la séparation des enfants, l'un s'en va poursuivre un rêve, les deux restent, mais sont récompensés par l'envol du Faisan d'or, fils croisés décroisés, le train, les rails, la steppe...

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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.