vendredi 31 décembre 2004

Et ça continue... Incendie dans une boite de nuit argentine. 175 morts et 619 blessés, le pire icnendie que l'Argentine ait connu, bla bla. C'est horrible la satisfaction de dire je vous l'avais bien dit, n'empêche que je vois bien que ça confirme qu'il faut se terrer chez soi entre Noël et l'Epiphanie, le temps où le chaos primordial se réactualise, où les démons sortent, les morts reviennent, durant les douze jours intercalaires qui suivent le solstice d'hiver. En bref, on respirera aux Rois.

Et comme cette année, le chaos fut particulièrement gratiné, je suis curieuse en attendant le solstice d'été.

mercredi 29 décembre 2004

L'année dernière ça tremblait en Iran, 10.000 morts non ?. Là plus de 100.000 morts et la terre qui sursaute et tourne plus vite, et on se foutait de moi quand je disais que les solstices c'est toujours la cata ! mais j'inventais rien moi, c'est dans presque toutes les mythologies...

Y a que les animaux qui apparemment s'en sortent. Les animaux sont moins cons, faut croire. Si ça se trouve c'est une épuration terreste, un nettoyage de la planète, de l'espèce la plus inutile et la plus malfaisante.

Ou si ça se trouve, comme dit Nabe, c'est parce que "l'homme n'est pas assez gentil avec Dieu", ça lui apprendra !

lundi 27 décembre 2004

Comme c'est triste

Parmi les 20.000 victimes du tsunami, il y a 2 Français. C'est horrible.

samedi 25 décembre 2004


Sur la sacro-sainte tolérance, valeur suprême de notre début de siècle avec le pacifisme et (bientôt rejoints par le végétalisme et les campagnes anti-foie gras) réflexions moqueuses et fines de Jankélévitch : est-ce que les tolérants au fond ne sont-ils pas foncièrement, au choix ou séparément : hypocrites, méprisants, élitistes ? La tolérance, une vertu ? mon oeil ! semble-t-il dire ? Regardez-vous un peu dans le miroir... Pourquoi, au fond, êtes-vous tolérants ? Et l'êtes-vous tant que ça quand vous l'affichez ? Et finalement, êtes-vous des gens bien parce que tolérants ? ou le contraire, d'affreux brahmanes méprisants ou calculateurs ?

"Ne pas toucher : ceci est commun aux conduites de tolérance et aux conduites de pureté ; le pur craint que l'intouchable ne lui donne ses pous ; le tolérant, plutôt que de violenter ou d'endoctriner son prochain, préfère ne pas le toucher. - Autrui, pour le tolérant, est un être opaque et impénétrable qu'on ne peut ni aimer ni comprendre, et qu'on a même renoncé à sauver. Nous nous désintéressons du salut de son âme. Désespérant de convertir celui qui est dans l'erreur, le tolérant abandonne le toléré à son sort ! Il le tolère tel qu'il est. Si nous tolérons l'adversaire, cela veut dire du même coup que nous ne chercherons pas à l'améliorer, que nous renonçons à l'amender, que nous le laisserons croupir dans sa crasse et ses erreurs. Entre la tolérance et le mépris, il y a des transitions insensibles, et l'on peut glisser de l'un à l'autre facilement facilement. Par la tolérance, l'homme paraît s'installer définitivement dans son statut de déchirure."

Ceci naturellement, peut s'appliquer aussi bien pour un croyant supportant avec un sourire bénin les athées ou mécréants, qu'un athée tolérant avec "indulgence" ces doux dingues de croyants, sans pour autant admettre qu'ils se rendent coupables de prosélytisme. Dans les deux sens, le prosélytisme, mal absolu ? Pourtant...

"Je supporte mon prochain, mais cela ne nous dit pas dans quel esprit je le supporte, ni pour quelle raison. Et si c'était par dédain ? Je dédaigne d'entrer en discussion avec lui et de lui faire la guerre. La motivation des conduites de tolérance est aussi variable que celle des conduites de patience. Son motif peut n'avoir rien de spécialement moral, comme le prouve le monde d'aujourd'hui, où l'on est souvent tolérant dans l'espoir que le fruit mûrira tout seul ; peut-être n'aurons-nous pas besoin d'assassiner, ni de convertir notre prochain, peut-être se convertira-t-il tout seul, par la force des choses ; il n'y aura plus qu'à cueillir le fruit lorsqu'il sera mûr. Tel est le motif inavoué de la "co-existence" plus ou moins pacifique dans un monde déchiré où règne l'équilibre de la terreur et où des adversaires irréconciliables se tiennent mutuellement en respect. Cette coexistence est évidemment une coexistence sans sympathie, une coexistence où le coeur n'est pas : c'est en vertu de cette tolérance qu'un peuple supporte un autre peuple, qu'un système tolère un autre système ; se jugeant lui-même dirigé dans le sens de la marche et de l'histoire, il pense que sa cause l'emportera fatalement un jour ou l'autre, et qu'il suffit de savoir attendre. A ce point de vue, la tolérance est simplement une tactique qui fait confiance au temps."


vendredi 24 décembre 2004

On s'en fout.

Zinédine Zidane fête Noël à la Réunion.

"Toutes époques, toutes années, tous siècles mélangés,
Tout tend vers la chaleur et fuit vent et froidure.
Pourquoi vers le grand nord, ceux-ci vont-ils s'envoler,
Alors que les oiseaux sont supposés aller au sud ?

Ils n'ont nul besoin de gloire, de grandeur.
Et le bout de leurs ailes est laqué par la glace.
Et oiseaux, d'oiseaux ils trouvent leur bonheur,
Comme juste récompense de leur audace.

Qu'est-ce qui nous empêchait de vivre, de dormir ?
Qui donc nous a jetés sur la route aux dangers ?
Les aurores boréales sont encore à venir,
Elles se produisent rarement : elles sont recherchées !

Silence. Seules des mouettes telles des éclairs.
On leur donne à manger dans la main le néant.
A notre silence, en récompense, c'est clair,
Il y aura un son inéluctablement.

Cela fait si longtemps que nous rêvons en blanc,
Toutes les autres teintes de la neige se sont fondues.
Nous sommes aveuglés de blancheur depuis longtemps,
Par ses bandes noires, la terre nous redonnera la vue.

Notre gorge s'affranchit du silence.
Comme une ombre fondra notre fragilité.
En récompense à nos nuits de désespérance,
Nous aurons le jour polaire dans son éternité.

Grand nord, espoir, liberté, pays sans limites,
Neige sans boue, comme une longue vie sans mensonge.
Le corbeau n'ira pas nous caver les orbites
Car, à venir ici, nul oiseau de proie ne songe.

Celui qui ne croit pas aux prophéties ridicules,
Ne s'allonge pas dans la neige, une seule seconde,
Verra, en récompense de sa solitude
Quelqu'un venir à sa rencontre."

V. Vissotsky, Le Grand Nord (1972).
Chanson du film 72 degrés en-dessous de zéro
Trad. Michel et Robert Bedin.

jeudi 23 décembre 2004

Honni soit qui mal y pense

Mouvements sociaux à la SNCF. Perturbation des trains sur Paris EST, du vendred 24 à 12 h jusqu'au dimanche 26 au soir...

et ceux qui y verraient une coïncidence avec les fêtes de Noël ont mauvais esprit.

mercredi 22 décembre 2004

mardi 21 décembre 2004

"Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux !
Heureux les affligés car ils seront consolés !
Heureux les débonnaires, car ils hériteront la Terre !
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés !
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde ! Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu ! Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu ! Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux."

Je ne suis pas "chrétienne", puisque je ne crois pas à la divinité du Christ. Mais dans ces paroles-là passent quelque chose de profond, d'essentiel, le minimum d'esse dans le maximum d'amor, comme dirait Jankélévitch. Face à l'antique et noble Bible, ces mots simples coupants et purs ont conquis le monde. La loi juive n'était pas assez aimante pour être universelle et ce n'est d'ailleurs pas son souci. Quand l'islam s'est dressé contre le christianisme, il ne s'est pas dressé contre cet évangile-là, mais contre ce que 6 siècles de querelels, de conciles, de chipotages byzantins en avaient fait.

Sinon, je crois que cela me consolerait plus d'être manichéenne. L'idée d'un dieu en lutte contre le mal est plus réconfortante qu'un dieu tout puissant, en ce sens qu'on peut se dire qu'il se bat avec nous (ou nous contre lui) plutôt que le mal qui nous advient soit toujours de sa volonté, ou du moins de son laisser-faire. D'un autre côté, beaucoup de gens se sentiraient un brin paniqué d'un dieu plus faible qu'ils ne l'avaient imaginé.

mercredi 15 décembre 2004

C'est vrai que la déchristianisation galope.... pour parler d'une musique liturgique, en ce moment sur France musique : "Le Carême ? euh... c'est un peu notre ramadan... c'est les 46 jours avant Pâques, euh..."

Je ne sais pas si c'est bien, croyant ou non, d'ignorer à ce point la liturgie chrétienne, quand on parle de musique religieuse... Un peu comme si en parlant de peinture religieuse on ignorait tout à fait que qu'est l'Assomption, la Dormition, etc...

En tous cas, c'est drôle, qui a dit que l'Europe était islamophobe ?

dimanche 12 décembre 2004

Gracian. L'Homme de cour. Curieux mélange, qui me laisse une impression mitigée, donc. Par certains côtés, un esprit très déplaisant, qui recommande avec sécheresse l'hypocrisie, la flagornerie, une habileté et un coeur froid et cela pour quoi ? Pas grand chose, une place, l'art de plaire, le néant de l'apparence de la courtisanerie. De belles phrases aussi, une lucidité tactique, quelque chose de Sun Tzu, mais L'Art de la guerre présente des ruses moins mesquines, puisque la mort et la perte encourues au combat donnent à tout ça un autre enjeu, plus essentiel. Machiavel idem, c'est la force, le pouvoir et l'art de ne pas être renversé quand on s'en empare. Mais dans L'Homme de cour, de quoi s'agit-il ? d'être bien vu dans les salons et les antichambres des ministères ? ça a quand même moins de gueule... Cela m'intrigue que Jankélévitch le cite autant. Il n'y a rien de moraliste dans Gracian, mais ce n'est pas non plus un cynique. Il donne un ensemble de recettes pour réussir dans ce qui reste tout de même l'inanité, le creux.

Cela dit, certains propos sont beaux, et bien tournés. Il faut simplement les appliquer en oubliant ce à quoi l'auteur les destinait, lui.

Ainsi, cela, qui vise la mode de l'élégie, et peut viser le diarisme intimiste (et donc moi-même) :

"NE POINT MONTRER LE DOIGT MALADE

Car chacun viendra y frapper. Garde-toi aussi de t'en plaindre, d'autant que la malice attaque toujours par l'endroit le plus faible ; le ressentiment ne sert qu'à la divertir. Elle ne cherche qu'à jeter hors des gonds ; elle coule des mots piquants, et met tout en oeuvre jusqu'à ce qu'elle ait trouvé le vif. L'homme adroit ne doit donc jamais découvrir son mal, soit personnel, ou héréditaire, attendu que la fortune même se plaît quelquefois à blesser à l'endroit où elle sait que la douleur sera plus aiguë. Elle mortifie toujours au vif ; et, par conséquent, il ne faut laisser connaître ni ce qui mortifie, ni ce qui vivifie, pour faire finir l'un et faire durer l'autre."

La dissimulation absolue, donc. Si les Grecs craignaient l'ubris dans le bonheur, c'est-à-dire un excès de fortune qui devait entraîner fatalement l'irritation des dieux et le rabotage divin de cette félicité humaine si offensante à l'Olympe, Gracian voit pire, attend pire de la Fortune : dissimule ton bonheur, dissimule ta douleur, car la Fortune te frappera immanquablement là où tu auras montré ta faiblesse, quelle qu'elle soit, heureuse ou malheureuse. "


SE SAVOIR AIDER

"Dans les rencontres fâcheuses, il n'y a point de meilleure compagnie qu'un grand coeur ; et s'il vient à s'affaiblir, il doit être secouru des parties qui l'environnent. Les déplaisirs sont moindres pour ceux qui savent s'assister. Ne te rends point à la fortune, car elle t'en deviendrait plus insupportable. Quelques-uns s'aident si peu dans leurs peines, qu'ils les augmentent faute de savoir les porter avec courage. Celui qui se connaît bien trouve du secours à sa faiblesse dans la réflexion. L'homme de jugement sort de tout avec avantage, fût-ce du milieu des étoiles."


L'école du courage. On insiste plus guère là-dessus, comme remède à la souffrance.

Et ces propos sur le secret, qui correspondent trop bien à ma pente, aussi je les mets pour ce qu'ils sont :


SE RETENIR DE PARLER, C'EST LE SCEAU DE LA CAPACITE

"Un coeur sans secret, c'est une lettre ouverte. Plus il y a du fonds, les secrets y sont profonds, car il faut qu'il y ait de grands espaces et de grands creux, là où peut tenir à l'aise tout ce qu'on y jette. La retenue vient du grand empire que l'on a sur soi-même, et c'est là ce qui s'appelle un vrai triomphe. L'on paie tribut à autant de gens que l'on se découvre. La sûreté de la prudence consiste dans la modération intérieure. Les pièges qu'on tend à la discrétion sont de contredire, pour tirer une explication ; et de jeter des mots piquants, pour faire prendre feu. C'est alors que l'homme sage doit se tenir plus resserré. Les choses que l'on veut faire ne se doivent pas dire, et celles qui sont bonnes à dire ne sont pas bonnes à faire."


"NE POINT MENTIR, MAIS NE PAS DIRE TOUTES LES VERITES

Rien ne demande plus de circonspection que la vérité, car c'est se saigner au coeur que de la dire. Il faut autant d'adresse pour la savoir dire que pour la savoir taire. Par un seul mensonge l'on perd tout ce que l'on a de bon renom. La tromperie passe pour une fausse monnaie ; et le trompeur pour un faussaire, qui est encore pis. Toutes les vérités ne se peuvent pas dire ; les unes parce qu'elles m'importent à moi-même, et les autres parce qu'elles important à autrui."


Balthasar Gracian, L'Homme de cour, trad. Amelot de la Houssaie.

vendredi 3 décembre 2004


"Chanson lyrique (1970)
à Marina

Les pattes des sapins tremblent, enneigées,
Et l'oiseau lance ses trilles, effrayé.
Tu vis en plein coeur d'une forêt charmée
D'où l'on ne peut jamais s'évader.

Que les merisiers se dessèchent au grand vent,
Qu'en averse le lilas défleurisse,
Je t'arracherai à ta forêt pourtant,
Pour le palais où les syrinx retentissent.

Ton monde, pour des siècles où les mages veillent,
Est gardé de moi et de la clarté,
Et tu crois que rien au monde n'est merveille
Que ce bois, cette forêt enchantée.

Que meure la rosée aux feuilles du levant
Et que la lune chamaille le ciel amer,
Je t'arracherai à ta forêt pourtant
Pour la chambre claire au balcon sur la mer.

Quel sera le jour et quelle sera l'heure,
Où prudemment, tu viendras à moi ?
Je t'emporterai dans mes bras de voleur
Nul, à nous trouver, ne parviendra.

Si le vol te sied, je me ferai bandit,
Tant d'amour en vain serait-il gâché ?
Accepte, je te prie, une simple hutte si
Et la chambre et le palais sont occupés."

V. Vissotsky, Ballades, trad. Michel et Robert Bedin, Les éditions de Janus.
Maintenant dans beaucoup de gares, il faut supporter la pollution sonore d'une radio de merde, avec ses tubes à la con, ceux qu'on entend toujours dans les magasins de fringues du forum des Halles (pour situer). Même à Gare de l'Est il faut supporter Balavoine et sa voix d'eunuque hululant, plus tout un paquet d'indigences cérébrales et musicales, au titre inconnu (de moi)... Même pas une radio publique, hein, de la bonne vieille merde commerciale, avec un spot de pub par minute. Bientôt on devra supporter ça aussi dans les trains... et il ne restera plus qu'à se foutre à fond un baladeur sur les oreilles, histoire de devenir un peu plus sourd chaque jour, mais pas complètement maboule.

mercredi 1 décembre 2004


"...il n'y a plus rien qu'un horizon inaccessible, et, à l'horizon, une présence opaque à laquelle on se convertit par décision aveugle, non point dans la lumière de l'intuition, mais dans la nuit de la foi ; l'indéfinie compressabilité du presque-rien apparaît alors à celui qui rêve d'accomplissement et de perfection comme la ruse tactique d'une incompressibilité foncière : l'inintelligible ne cède sous nos pas que pour aggraver notre enlisement, ne recule devant nous que pour nous attirer plus profondément au coeur de l'absurde."


"Tout homme peut voir, mais très peu savent toucher."



"Tout homme peut voir, mais très peu savent toucher." Machiavel.

dimanche 28 novembre 2004

vendredi 26 novembre 2004

J'aime beaucoup les entretiens de Lucien Jerphagnon (et par le même coup j'entend reparler ici et là de Jankélévitch). J'en cite un passage savoureux, mais il faut tout écouter, tant que c'est en ligne.

"- Ceux qui disent, « circulez, il n’y a rien à croire, vous ne les aimez pas beaucoup ?

- Je ne les aime pas beaucoup, non parce que… voilà ils m’agacent un peu parce qu’ils ne se laissent jamais non pas convaincre, j’ai jamais convaincu personne ni jamais surtout eu envie de convaincre quiconque, mais ils ne se laissent pas, comment dirais-je, raconter un peu pourquoi des gens ont pu croire à quelque chose. Ils estiment dès le départ que croire à quelque chose, c’est prouver qu’on est un crétin. Or, pas du tout… On peut rester un crétin en croyant à quelque chose, on peut être tout aussi crétin en ne croyant à rien. Or les gens se figurent toujours que c’est beaucoup mieux de ne croire à rien, ça libère … pas du tout, parce qu’immanquablement, ils transposent. Le besoin d’espérance que nous avons tous en nous, ils le transposent sur un autre idéal, un idéal à la hauteur des pâquerettes, … on a cru à des tas de choses, s’il fallait que je fasse la liste des mythes auxquels on croit aujourd’hui… - A commencer par la nécessité de ne croire en rien ? – Par exemple ! qui est un des beaux mythes, ça c’est un mythe redoublé, il faut ne croire en rien, parce qu’il paraît qu’on en est mieux, qu’on se porte mieux. Je ne trouve pas. J’ai été tenté, à un moment, de désespoir, par l’athéisme, de désespoir métaphysique un peu, et puis je me suis aperçu que ça ne menait à rien, et je ne vois pas pourquoi… tant et si bien que j’ai gardé ce qu’on peut appeler une foi, mais une foi qui n’est pas assujettie à des dogmes. Bergson disait quelque part à propos du comique, que le comique c’est ce qu’on obtient quand on plaque du mécanique sur du vivant. – Oui et vous riez vous-même de ceux qui plaquent la raison sur le mythe ? – Voilà, exactement ! On plaque de la raison sur du mystère, alors on obtient un petit monstre logiquement conçu, qui est un dogme…"

C'est vrai qu'on entend de nos jours plus souvent de stupides platitudes dans la bouche des athées que dans celle des croyants. Au moins les croyants ont appris à se défendre, depuis le temps 1/ qu'ils s'étripent entre eux 2/ qu'on bat la religion en brèche. Etant sommés de trouver des arguments qui tiennent la route pour au moins expliquer excuser leur naïveté de gogos, les "espérants" doivent un peu aiguiser leur esprit chaque jour face au gnangnantisme incrédule qui a succédé à la religiosité sur le podium du conformisme. Par contre les athées ne font guère de progrès dans l'argutie... par moment, difficile de ne pas se tenir les côtes, tant toutes les répliques sont prévisibles dans leur niaiserie, et naturellement, tout finit en engueulades d'autant plus violentes qu'elles n'ont guère de substance, psychodrames dans une cour de récré... là-dessus, je préfère Ivan Karamazov, son "si un tel Dieu existe, je lui rend mon billet" a plus de gueule. Non, snif, il n'y a plus de bons débats théologiques.
J'adore ce questionnaire

mercredi 24 novembre 2004

je tombe des nues (gris bleuté, un peu de bleu sombre). Je ne savais pas que c'était une anomalie (gris, noir, anthracite. Je pensais que tout le monde était comme ça (noir et rouge sombre). Non ? (2 N en noir, le o en bleu électrique).



"Il y a, chez Epictète, un propos sublime qu'on peut paraphraser ainsi : le tyran s'amusait à déguiser ses courtisans en histrions pour leur faire jouer la comédie ; l'un de ceux-ci ayant demandé au sage : "Vaut-il mieux monter sur la scène ou mourir ?" le sage répondit : "Monter. - Comment, monter ? - Monter. Tu demandes si la mort est préférable à l'esclavage... je réponds : l'esclavage ; le supplice au plaisir... je réponds : le plaisir. - Mais toi ? - Moi je ne me pose pas la question.


lundi 22 novembre 2004


"Pardonner, c'est faire crédit à un innocent qui a toutes les apparences du coupable ; et c'est excuser par anticipation et pour l'amour d'une innocence espérée, escomptée, présumée, qui se révélera ou se vérifiera plus tard."



"Après la séance, nous rentrions chez lui à pied et Borges, qui aimait à se souvenir, décrivait la ville telle qu'elle était du temps où il voyait, et il évoquait des histoires de voyous dans des bars ténébreux à des coins de rue dangereux où s'élevaient à présent, invisibles à ses yeux, les tours de verre de l'hôtel Sheraton ou du dernier décorateur en vogue. Quand je lui dis qu'un puits se dressait désormais au milieu de la très touristique plaza San Telmo, dans l'ancienne partie coloniale de la ville, il ne me crut pas. "Il ne peut pas y avoir un puits sur une place publique ; les puits se trouvent dans les patios privés, dans les maisons, non ?" J'imaginais un documentaire (je l'ai suggéré à Ric Young, qui réalisait alors des films au Canada) dans lequel la caméra enregistrerait le présent tandis que la voix de Borges raconterait le passé, emmenant le spectateur au long des rues qu'ils avaient parcourues, deux décennies auparavant, en compagnie d'Estela Canto. Mais, hélas, aucune station de télévision canadienne ne se montra sensible à l'intérêt d'un tel voyage."


mardi 16 novembre 2004

Encore un passage que je me prends dans les gencives, moi qui sais si peu pardonner parce que je n'ai jamais su bien haïr :

"- La clémence, qui n'implique aucun élément déterminé, n'est pas davantage un vrai rapport avec l'ipséité de l'autre. En somme : presque rien à pardonner et presque personne non plus à qui pardonner ! Le magnanime est bien trop grand pour voir du haut de son altitude les moucherons et pucerons qui le harcèlent : aussi la mégalopsychie tourne-t-elle facilement au dédain. L'offenseur n'est pas seulement négligé : pour mieux dire, il est quasi-inexistant ; et la clémence, à son tour, n'est pas seulement condescendante, elle est bien plutôt "intransitive" ; elle est littéralement solitaire en sa magnanimité. La clémence est un pardon sans interlocuteur : aussi le clément ne prononce-t-il pas la parole du pardon pour un vrai partenaire en chair et en os. Ce tête-à-tête est une solitude, ce dialogue un soliloque, cette relation un solipsisme. C'est donc peu de dire que l'homme clément n'a jamais souffert du fait de son insulteur, qu'il n'a jamais eu le temps de lui en vouloir, qu'il ne lui reproche rien ni ne lui fait l'honneur d'éprouver à son endroit la moindre rancune, fût-ce une rancune naissante aussitôt réprimée par le pardon... En vérité, il n'a même pas un regard pour celui qu'il absout ! Il ne s'aperçoit même pas de l'existence du puceron ! Qu'elle soit magnanimité ou magnificence, mégalopsychia ou mégaloprépéïa, la clémence exclut tout rapport vraiment transitif et intentionnel avec son prochain. La clémence n'est pas plus le pardon que la générosité n'est amour..."

Le Pardon. Vladimir Jankélévitch.
"la guerre est un mystère divin, et le sang qu'elle fait couler étanche sur la terre l'iniquité des hommes. La rougeur même du sang qu'une lame fait apparaître en transperçant les chairs, cette rougeur n'est-elle pas comme la révélation d'une vérité crue, pudiquement dissimulée par la bonne santé et par les douceurs d'une civilisation pacifique ?"

Vladimir Jankélévitch, Le pur et l'impur.

(en pensant à l'angoisse, ce mot de Jules Laforgues : "Mon corps - hélas ! a bien mal à son âme.")

jeudi 11 novembre 2004

"Il y a une odeur de malice dans l'air : de temps en temps, par l'effet de notre méchanceté, cette malice se dépose, et le mal se met à exister quelque part, hic-et-nunc."

Vladimir Jankélévitch, Le Mal.

mardi 9 novembre 2004

"La fidélité à soi est une belle chose ; mais il y a une vertu qui est peut-être plus rare encore : c'est le consentement à évoluer, le courage de se dédire, enfin cette espèce d'humilité dont les renégats sincères ont tant besoin pour briser en eux l'entraînement des décisions irrévocables. Mieux encore : la fidélité profonde consiste, non point du tout dans une cohérence imperturbable, mais au contraire dans ces hérésies et apostasies d'une âme courageuse qui ne craint pas de se renier elle-même et de tourner casaque. Hermann Cohen parle quelque part d'une fidélité qui est évolution et diversité. Si la fidélité grammatique demeure attachée à la lettre, dût la sincérité en souffrir, la fidélité pneumatique préfère, fût-ce au prix d'une rétractation, perpétuer l'esprit constituant qui posa le premier acte de la fidélité thétique. Celle-là devient infidèle à force de fidélité, celle-ci ne craint pas d'être infidèle par amour de la fidélité. Abjurer n'est pas toujours se parjurer."

Vladimir Jankélévitch. La Mauvaise Conscience.

lundi 8 novembre 2004

"En dehors de Boris Godounov et de Macbeth, tout le monde, en général, a bonne conscience."

"Jésus meurt une seule fois pour tous les hommes ; mais Dionysos n'en a jamais fini de se dévouer"

"Se repentir, c'est toujours "poser" un peu : la mauvaise conscience consolée, la mauvaise conscience devenue complaisance savoure maintenant son désespoir comme un spectacle ; la mauvaise conscience fait la belle devant le miroir. Lorsque la mauvaise conscience est capable de se chuchoter un reproche, c'est qu'elle n'a déjà plus si honte d'elle-même ; déjà elle se supporte puisqu'elle se regarde, puisqu'elle s'objecte sa faute, comme à un autre moi qui n'est plus tout à fait elle-même."


Vladimir Kankélévitch, La Mauvaise Conscience.

samedi 6 novembre 2004

"Entre la pure loi morale et le "plus grand bonheur possible du plus grand nombre d'hommes possible", la différence paraît indiscernable. Cet égoïsme à très longue portée, et, sinon inspiré par la bonne volonté du devoir, du moins, au sens kantien "conforme" à cette bonne volonté, est une imitation presque parfaite de la vertu ; il lui ressemble comme une poupée à un être vivant ; il n'y manque que l'essentiel ! il manque l'amour qui est l'âme de l'inspiration vertueuse : à cela près, toutes les apparences y sont. L'idée d'intérêt, en passant par l'arithmétique, a perdu complètement sa nuance affective et cette espèce de sensualité, cette chaleur enveloppante, cette intimité qui sont encore au fond du bonheur le plus indirect et le plus prosaïque, - car on peut toute sa vie ne faire que des choses utiles et n'être jamais heureux. Nous voilà donc devenus ascètes par utilité. Qui eût rêvé harmonie plus miraculeuse entre mon avantage et mon devoir ? L'intérêt, c'est vraiment l'ascétisme devenu attrayant, la sainteté mise à la portée de tous ; nous sommes intéressés au sacrifice, et la morale apparaît, en somme, comme une heureuse affaire."

La Mauvaise Conscience, Vladimir Jankélévitch.

lundi 1 novembre 2004

Sur la page 1 de L'Effacement progressif des consignes de sécurité,de Ravalec, en collection J'ai Lu, on peut lire ce poème :

Vous qui dans l'âme des morts buvez
le sang de vos conquêtes
le prix de nos défaites
et qui depuis l'autre rive
si légèrement riez
sachez qu'il vous incombe
pour nous, pour les vivants
de mettre à point d'honneur
à venir nous chercher.


Et alors ? Eh bien, en signature c'est écrit : Anonyme, poème ottoman, V° siècle après Jésus-Christ.

Tant de crétinerie, par moment, c'est pas possible. Un coup à fiche le livre au vide-ordures, sans même le lire.

mercredi 27 octobre 2004


"addenda à la dernière édition du livre"

1. Il est hautement réprouvé de se raser le visage, que ce soit avec des rasoirs à lame ou des appareils électriques ayant la même fonction."


mardi 26 octobre 2004

Délicieux Jankélévitch, quand il dit, sur le caprice de la Grâce, opposé au mérite laborieux, que "ces ascètes, ces jeûneurs, c'est dans l'enfer qu'on les rencontre."

Et comme dit Nietzsche, "- que la vertu dorme, elle se lèvera plus fraîche."

dimanche 17 octobre 2004

Intervention divine



J'ai bien aimé ce film. Il est provocant, léger, et moqueur. A côté de cette pléthore de mots, de fureurs, d'émotions, que suscite ce conflit dont tout le modne se mêle et sans finalement y connaître grand-chose, le silence de ce film, muet aux trois-quarts, est reposant. Il y a aussi une élégance détachée dans ce silence, dans le visage impassible de Suleiman, de son amante, une élégance comme une arme de guerre lorsqu'il s'agit de foudroyer un barrage d'un seul regard, ou bien de faire exploser un char avec un noyau de fruit jeté si négligemment, en toute innocence, derrière soi. A côté, les Israéliens apparaissent vulgaires et, il faut le dire, un peu cons. Mais on ne voit d'eux que la soldatesque, des soldats neuneus ou prêts à péter les plomb dans leur check-point. Partialité ? Oui, si l'on veut, (après tout peut-on demander à un occupé de compatir psychologiquement à la misère de l'occupant...) mais surtout justesse de vue, car dans une occupation, tout ce que l'on voit, que l'on connait de l'ennemi, c'est ce soldat-gendarme encore plus empêtré dans sa peur et sa consigne que les Palestiniens dans leurs chek-point. L'élégance ironique de jouer avec toutes les peurs que l'on suscite : le ballon rouge et grimaçant à l'effigie d'Arafat, qui affole le barrage, survole la ville, et va se fixer au dessus du Dôme du Rocher : bouh ! la menace arabe... la carte de la Palestine qui sert de bouclier à l'héroïne en panoplie de kamikaze, dans une scène désopilante à la Jackie Chan. La scène du feu rouge avec l'Israélien à tête de beauf, il faut dire, drapeau sur sa voiture et kipa sur le crâne, et l'autre qui met ses lunettes noires et en rajoute dans le bouh je te jette un sort ! et le regard des deux conducteurs par delà leur vitre, et aucun ne veut redémarrer et céder, et la file de voitures derrière, bloquée comme toute la diplomatie internationale par ce micro-conflit dans un territoire de poche. Le jeu des mains dans la voiture, (qui ne s'arrête pas aux mains d'ailleurs, j'en sais quelque chose, jeux de mains, jeux de tigers, le tout est d'avoir l'air innocent, impassible, jeux d'amoureux traqués par les yeux...) .

ça peut énerver. Parce que c'est un pied de nez, pas un machin larmoyant et politiquement correcte sur la paix et la fraternité et soyons tous de bonne volonté... Mais la moquerie c'est de bonne guerre en temps de guerre. Surtout quand la plaisanterie est fine.

"Il ne lui parlait jamais de ses difficultés et elle ne s'étendait jamais sur la lutte qu'elle devait mener pour vivre. Leur confiance réciproque rendait toute explication inutile, et leur parfaite entente se maintenait sans protestations de reconnaissance ou de regret. Il se serait senti heurté si elle avait soudain décidé de le remercier ouvertement, mais il trouvait tout à fait naturel qu'elle lui dît qu'elle avait besoin de deux cents livres."

"Mais quel travail ? Il était prêt à sauter sur n'importe quoi d'honnête, à condition que l'occasion se présentât vite ; car il fallait conserver les cinq cents livres intactes pour toute éventualité. C'était là l'important. Avec les cinq cents livres non entamées on avait l'impression d'avoir quelque chose de solide derrière soi ; mais il lui semblait que, s'il laissait cette somme se réduire à quatre cent cinquante ou même à quatre cent quatre-vingt livres, cet argent perdait toute efficacité, comme si quelque pouvoir magique s'attachait à ce chiffre rond. Mais quelle sorte de travail ?"


mardi 12 octobre 2004


"C'est l'heure : Hora ! Tout à l'heure, il sera trop tard, car cette heure-là ne dure qu'un instant. Le vent se lève, c'est maintenant ou jamais. Ne perdez pas votre chance unique dans tout e l'éternité, ne manquez pas votre unique matinée de printemps."




"je sais que je ne sais pas et j'ignore ce que je pressens, je sais avant de savoir."

"je ne dirais même pas : "Je ne sais quoi", si, d'une certaine manière, je n'en savais long, si je n'étais déjà en quelque mesure dans le secret."

"Deviens ce que tu es ne signifie pas :"inutile de devenir puisque tu es déjà ce que tu pourrais devenir", mais bien plutôt : deviens à l'infini, puisque l'homme n'est jamais en acte tout ce qu'il pourrait être. Mon être ne m'est jamais acquis une fois pour toute, inaliénablement."


dimanche 10 octobre 2004

" - Il est né coiffé.
Cette expression s'applique à une personne constamment heureuse, par allusion à la membrane appelée coiffe qui enveloppe la tête de quelques enfants, au moment de leur naissance, et qui a été regardée, dans tous les temps et chez presque tous les peuples, comme un présage de bonheur. Les Grecs tiraient de cette coiffe, nommée amnion dans leur langue, l'augure favorable de l'amniomancie. Les sages-femmes de Rome, dit Lampride, la vendaient très cher aux avocats, persuadés qu'en la portant sur eux comme une amulette ils seraient doués d'une éloquence irrésistible qui leur ferait gagner les causes les plus difficiles. Nos pères pensaient qu'elle était une marque visible de la protection céleste. "

Pierre-Marie QUITARD . Dictionnaire des proverbes et des locutions proverbiales,1842.


Je suis née coiffée. Comme ma soeur et mon frère, d'ailleurs; curieuse couvée.

Depuis qu'Otar est parti



Depuis qu'Otar est parti. Il y avait longtemps que je ne m'étais pas pris une telle claque cinématographique. La grande baffe, quand on ne sait pas si on rit on pleure et en fait les deux. Et puis tout ça m'est tellement familier, ces maisons et ces rues en pentes, ces jardins et ses coqs en pleine ville, et l'électricité toujours en panne, et c'est bien de filmer le noir, d'ailleurs c'est que ce je retiens, ces scènes bleu-noir, rouge-noir, ce noir qui fait écarquiller les yeux pour identifier les scènes, les corps, les lieux, mais c'est ça de vivre si souvent dans le noir parce que ça coupe souvent, et l'eau qui s'arrête sous la douche, et cette chaleur et cette tristesse, et ce mensonge qui finalement devient un chant de vivre et puis... en fait je ne sais si je suis rentrée triste ou gaie de ce film et je crois bien que c'est les deux, et dès que j'ai vu les images de la Géorgie j'ai eu le coup de foudre, et j'ai eu envie d'aller là-bas, d'y rester un peu, un temps.
Cela m'irrite de trouver dans des essais de philosophie des citations grecques ou latines non traduites. Sous-entendu : pour prétendre lire de la philosophie, être au moins capable de lire du grec et du latin dans le texte ! Eh bien je trouve ça d'un cuistre... C'est comme si nous, orientalistes, ne nous donnions pas la peine de traduire nos citations arabes, persanes, syriaques... sous prétexte que "on ne va pas expliquer le soufisme à des imbéciles qui ne savent que le grec et le latin..." Cuistrerie de clerc, oui. Je préfère le moinillon qui s'usait les yeux et les tendons du poignet et de la main à traduire et copier des traductions. Il n'y a pas de noblesse du savoir sans accessibilité. On ne cache pas un texte, on ne le voile pas. Comme pourrait dire un chiite, que le zahir/l'apparent soit le plus ouvert possible, le batin/le secret n'en sera que mieux caché.

mardi 28 septembre 2004

"Je sais - le sais-je - que celui que visaient déjà les Allemands, n'attendant plus que l'ordre final, éprouva alors un sentiment de légèreté extraordinaire, une sorte de béatitude (rien d'heureux cependant), - allégresse souveraine ? La rencontre de la mort et de la mort ?

A sa place, je ne chercherai pas à analyser ce sentiment de légèreté. Il était peut-être tout à coup invincible. Peut-être l'extase. Plutôt le sentiment de compassion pour l'humanité souffrante, le bonheur de n'être pas immortel ni éternel. Désormais, il fut lié à la mort, par une amitié subreptice. "

L'Instant de ma mort, Maurice Blanchot.

Hasard des livres et des rencontres avec les livres. Quand Solange m'a recommandé de lire ce récit, je ne me doutais pas que j'allais me cogner enfin sur le sentiment qui est tout de même un des moteurs de ma vie, cet émoi secret avec qui j'ai eu quelques rendez-vous, ce visage de la mort que je n'ai jamais approché d'aussi près que lui, mais qui tout de même m'a souri parfois comme une promesse lointaine. "Allégresse souveraine", je me croyais folle d'éprouver cela, "peut-être l'extase", et je croyais être la seule aussi. ça me conforte de voir que non, je ne suis pas la seule, qu'il y a là une joie réelle, un éclair lucide, allegretto, allegretto...

Jusqu'ici il n'y avait eu que le pauvre Guillaume à enchérir là-dessus :


"Si je mourais là-bas sur le front de l'armée
Tu pleurerais un jour Ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l'armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur

Et puis ce souvenir éclaté dans l'espace
Couvrirait de mon sang le monde tout entier
La mer les monts les vals et l'étoile qui passe
Les soleils merveilleux mûrissant dans l'espace
Comme font les fruits d'or autour de Baratier

Souvenir oublié vivant dans toutes choses
Je rougirais le bout de tes jolis seins roses
Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants
Tu ne vieilliras point toutes ces belles choses
Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants

Le fatal giclement de mon sang sur le monde
Donnerait au soleil plus de vive clarté
Aux fleurs plus de couleurs plus de vitesse à l'onde
Un amour inouï descendrait sur le monde
L'amant serait plus fort dans ton corps écarté

Lou si je meurs là-bas souvenir qu'on oublie
- Souviens-t-en aux instants de folie
De jeunesse et d'amour et d'éclantante ardeur -
Mon sang c'est la fontaine ardente du bonheur
Et sois la plus heureuse étant la plus jolie

O mon unique amour et ma grande folie

30 janvier 1915. Nîmes.


L a nuit descend
O n y pressent
U n long un long destin de sang"


Ce que j'ai souligné est ce qui pour moi rejoint l'idée que se sacrifier, c'est vouloir se faire l'égale des dieux.
Regardant quelques vidéos d'exécution d'otages, hier, j'ai été intriguée par ce même bruit grinçant, qui accompagnait le mouvement du couteau, quelque chose entre le cri d'un porc et le frottement d'une scie, juste au moment où les hurlements proprement dits cessaient. Comme les vidéos avaient des origines différentes, ça ne pouvait être un bruitage artificiel. Je crois que cela est simplement un bruit de suffocation, quand on tranche l'artère. En tous cas, l'analogie du son avec celui des porcs qu'on égorge est saisissante. J'ai déjà vu égorger des chèvres, des moutons, ça n'a pas le même bruit. Finalement, il se peut que Bernard Werber ait raison, entre le porc et l'homme, il y a bien des affinités.

samedi 25 septembre 2004


"Economie de la bonté. - La bonté et l'amour, ces simples aux vertus les plus salutaires dans la société des hommes, sont des trouvailles si précieuses qu'on devrait sans doute souhaiter qu'on procédât, dans l'application de ces moyens balsamiques, aussi économiquement que possible ; mais c'est une impossibilité. L'économie de la bonté est le rêve des utopistes les plus aventureux."


lundi 20 septembre 2004


J'aime bien avoir des nouvelles de l'Entre-Deux, comme ça, au hasard de lectures, qui toutes convergent :

"Athéné a été le refus de toute ubris, la divine pudeur et l'entre-deux des extrêmes;"


Et du même, cette incantation, comme une formule apotropaïque : "Car le bonheur porte malheur, comme le malheur porte bonheur".

samedi 18 septembre 2004

Mes enfants ne sont pas comme les autres




J'ai adoré ce film. Vraiment très beau. Ou est-ce que je le trouve vraiment très beau parce qu'il me touche pour diverses raisons ? Pour ceux que la musique classique barbe, peut-être qu'il es horriblement ennuyeux. Car c'est son côté technique que j'aime. J'avais l'impression de sentir l'odeur de la colophane, et cette volupté quand l'archet attaque, mange les cordes. Et les crampes aux doigts, aux mains, et cette dureté des répétitions, et cette justesse toujours limite... Très bonne idée d'avoir choisi le violoncelle, le plus sensuel le plus chaud le plus parlant des instruments. C'est la musique qui compte, les images sont pauvres, même pas belles au fond, sauf les visages des deux jeunes musiciens, à la fois impénétrables et pourtants expressifs dans leur immobilité, pourtant comme ceux des Vierges flamandes, au même sourire silencieux, presque imbécile. Oui, le même visage souriant et muet des Vierges d'Annonciation à qui l'ange vient dire "Tu es l'Elue", et qui offre le même visage soumis, le corps soumis, à un grand destin.

Le mystère Alexandre. Son côté lunaire, obscur, irréel. "Tu es ailleurs" lui dit son grand-père, à celui qui semble pourtant le plus doux, le plus obéissant. Le petit frère traître qui se rachète ensuite, en y sacrifiant sa main, mais en y gagnant à la fin l'école et un tambour. Bien que tout ne soit pas percé en lui, qu'on ne sache pas, par exemple, d'où lui vient cette passion pour les maréchaux napoléoniens, pour les tambours.

Adèle. Passage drôle, de l'idylle adolescente, rebelle, à la vie en ménage et à la prise de bec. La tribu vous rattrape toujours, "retourne chez ces dingues". Difficile d'être en ménage quand on est un phénix qui ne veut pas renoncer à l'excellence mais voudrait tout de même roucouler au nid. Est-ce qu'il faut renoncer ? Car devant la dureté de l'entraînement, la cruauté, les coups moraux (comme le père de Beethoven battait son fils, voilà) on se dit "est-ce que cela en vaut la peine ?" et puis : "est-ce qu'être si durement dressé donne l'excellence ?" La réponse, à la fin, donnée par Gerald reprenant l'orchestre du Père, la réponse d'Adèle est oui, nous ne sommes pas comme les autres. Un oui qui va à l'encontre de la morale hédoniste ambiante : "l'important c'est d'être heureux, pas le meilleur". Et là, la réponse est non, et je crois aussi que non, pour un talent de second ordre, peut-être, mais pas si l'on est voué à l'excellence, quand il faut aller tout en haut, en haut de soi, de son sommet, quel qu'en soit le prix. Il faut voler, toujours, que ce soit en amour, en musique, en écriture, en peinture, quand on décide d'être grand, il faut être plus que cela, exceptionnel, sinon, ça ne sert à rien, ou ça ne sert qu'à demi, ce qui est pire, bien sûr il y a un prix à payer, mais cela vaut ces quelques minutes de décollage où l'on atteint l'absolu de ce que l'on peut donner. Bête de dressage, bête à souffrance d'abord et pour finir étoile.
J'aime aussi quand le terrible grand-père, si cassant, si odieux, parle avec douceur à son orchestre, de Brahms, de la façon dont il faut jouer la III° symphonie... "Brahms vous savez, était gros et lent, il parlait lentement..." , quand il leur dit d'oublier qu'ils sont Français, qu'il ne faut pas être léger, spirituel... "Halmbourg, pensez à Hambourg, aux bourgeois d'Hambourg...".

vendredi 17 septembre 2004


Ce Jankélévitch et son "tout le monde a des droits sauf moi." C'est presque de la folie furieuse, en nos temps de : "mes droits", "j'ai des droits", "respectez mes droits"... Et lui, ces mots presque d'arrogance : "Un Toi est un Moi sans devoirs. Un Moi est un Toi sans droits." Hum il interviendrait sur un forum web aujourd'hui, il se ferait lyncher. Un troll, voilà ce qu'on dirait. Finalement, Jésus, Mahomet, Buddha, Socrate et les philosophes arrogants, les trolls de l'humanité.

La règle de Jankélévitch est folle si on l'envisage appliquée concrètement à une vie. Mais je n'ai pas l'impression que les gens qui essaient de vivre raisonnablement, qui font "la part des choses" en soient plus heureux. Il y a une espèce de folie tendre de l'amour irraisonnable qui ne revendique rien en retour, qui ne pèse en rien, qui ne veut pas que l'aimé se sente coupable ou ingrat, c'est finalement la folle arrogance de l'amour ultime qui se suffit à lui-même, qui se réjouit déjà en soi d'exister. C'est scandaleux, tout ça ! Car on passe son temps à dire :"gardez-en un peu pour vous", "n'aimez pas trop", on fait des livres, même : Ces Femmes qui aiment trop (les femmes étant plus suspectes d'absolutisme amoureux), ou Ces Femmes/Hommes qui aiment mal (sous-entendu : trop) ; l'amour-bonheur comme un capital à gérer sans dilapider, un bilan comptable, je donne tant d'amour pour tant de bonheur, sinon je dépose mon bilan. et ce fou qui prétend :

"car vivre pour l'autre et mourir pour l'autre (hyperapothèskein) coïncident en cette fine extrême pointe de l'âme, en ce presque-rien aigu qui est une mort d'amour." (et lire encore en ayant à l'oreille l'inextinguible brouhaha d'un caquetage énervé qui ne cesserait, plaintif et revanchard : mes droits ! jédédroits !" ad libitum..)

Tout de même, des fois, il daigne se fendre d'une explication : quelque chose de très bref, qui "dit" tout. "L'innocent reçoit l'amour que son prochain lui porte non pas comme une chose due ou méritée qui le dispenserait de la réciproque, mais comme une grâce inattendue qui enhardit son propre amour. De cette manière, l'amour, qui est littéralement l'au-delà de la vérité, résout en actes et à l'infini plusieurs débats insolubles..."

et puis cette petite phrase après la longue énumération des "ipséités contradictoires" : "Ainsi l'amour arrange tout." Voilà, mets ça dans ta poche (ipséités) avec ton mouchoir par-dessus (l'Amour).
Traité des vertus : Tome 2, Les vertus et l'amour, 1re partie

samedi 11 septembre 2004

Je crois que si j'aime tant dire et prononcer "lol" mot par ailleurs banni à la RDJ, c'est à cause de Nabokov.

"Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme. Lo-li-ta : le bout de la langue fait trois petits bonds le long du palais pour venir, à trois, cogner contre les dents. Lo. Li. Ta.

Elle était Lo le matin, Lo tout court, un mètre quarante-huit en chaussettes, debout sur un seul pied. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l'école. Elle était Dolorès sur le pointillé des formulaires. Mais dans mes bras, c'était toujours Lolita."

A côté de ça, "mdr" fait MeRDique, faut dire.

jeudi 9 septembre 2004


La demeure de la justice et la roulotte de l'amour s'opposent comme s'opposent la continuation sédentaire et l'esprit nomade : car l'amour n'est jamais installé et n'a jamais eu besoin d'architectes."


lundi 6 septembre 2004


"Seul un horizon constellé de mythes parachève l'unité d'un mouvement entier de culture. Le seul mythe peut préserver de l'incohérence d'une activité sans but les forces de l'imagination et du rêve apollinien."


Et ceci, to the poor myself :

"Que signifie ce monstrueux besoin historique de l'insatiable culture moderne, cette compilation n'innombrables autres cultures, ce désir dévorant de connaître, sinon la perte du mythe, de la patrie mythique, du giron maternel mythique ?"


dimanche 5 septembre 2004

A la fin du Concert d'Utrecht (qui vient d'être transmis en direct), Jordi Savall conclut de façon inattendue par une déploration dédiée aux morts de Beslan. Il choisit un extrait d'Arvo Pärt. Quelques minutes de communion profonde sur la mort absurde, comme seule la musique peut en donner. Les Ossètes... il y a quelques jours, peu de gens dans le public, (hormis les lecteurs de Dumézil) savaient qu'ils existaient. Entendu parler un homme, qui cherchait sa fille, dont il ne savait si elle était vivante. Un instant je me suis étonnée de le comprendre, il disait "dot". Et puis je me suis souvenue de Dumézil, bien sûr, les Ossètes, de proches cousins. Comme il est vaste, le continent de l'iranité...

Dans l'histoire des religions, on présente souvent le monothéisme comme un progrès par rapport au polythéisme, lui-même un progrès par rapport à l'animisme, le monothéisme étant logiquement une étape moins aboutie que l'athéisme. Avancée linéaire, parfaite, sans régression. Et pourtant...

"Quand un dieu voulut être le seul Dieu, tous les autres dieux furent pris de fou rire jusqu'à mourir de rire."


mardi 31 août 2004


"Être brave au contraire, c'est avoir le dessus, même s'il faut finalement succomber. La menace terrifiante est prise ici à la gorge, sommée de se découvrir et de dire son vrai nom. Le diable ne peut pas nous faire mal, mais il peut nous faire peur. Le brave conjure par sa bravoure cet envoûtement de la frayeur : comme lui gardons-nous simples, pauvres, nus et sans arrière-pensées, indifférents aux détails mesquins, pour que le diable crève de notre innocence et de notre courage."


lundi 30 août 2004



Si l'homme moyen est bourgeoisement domicilié dans son entresol, Eros, lui est sans gîte, et il est toujours en état de vagabondage. Aussi vit-il dans le provisoire...""A mi-chemin de ce plein et de ce vide, l'amour est toujours en état de nomadisme et de pèlerinage, toujours sur les routes, et non pas sédentaire mais sans domicile fixe ; il dort à la belle étoile et dans les chemins."


samedi 28 août 2004

"The guilty undertaker sighs,

The lonesome organ grinder cries,

The silver saxophones say I should refuse you.

The cracked bells and washed-out horns

Blow into my face with scorn,

But it's not that way,

I wasn't born to lose you.

I want you, I want you,

I want you so bad,

Honey, I want you.




The drunken politician leaps

Upon the street where mothers weep

And the saviors who are fast asleep,

They wait for you.

And I wait for them to interrupt

Me drinkin' from my broken cup

And ask me to

Open up the gate for you.

I want you, I want you,

I want you so bad

Honey, I want you.




Now all my fathers, they've got down

True love they've been without it.

But all their daughters put me down

'Cause I don't think about it.


Well, I return to the Queen of Spades

And talk with my chambermaid.

She knows that I'm not afraid

To look at her.

She is good to me

And there's nothing she doesn't see.

She knows where I'd like to be

But it doesn't matter.

I want you, I want you,

I want you so bad

Honey, I want you.




Now your dancing child with his Chinese suit,

He spoke to me, I took his flute.

No, I wasn't very cute to him,

Was I?

But I did it, though, because he lied

Because he took you for a ride

And because time was on his side

And because I...

I want you, I want you,

I want you so bad,

Honey I want you."


J'aime cette chanson. En fait, c'est la chanson de Terra Nostra.


Oui, il voit bien tout de suite ce qu'on peut objecter :

"La douleur est incommensurable à la pureté qu'elle est censée elle-même restaurer. Comme elle est incommensurable à la faute qu'elle est censée châtier. Oui, c'est bien le mystère de la douleur utile, inutile ; du sacrifice absurde et pourtant fécond ; - mystère qui se confond avec le scandale de la justice immanente..."

après ça, bien sûr, on voit bien que tout est une question de foi. Y croire, ou non. *soupir*


Et ces phrases qui commencent comme celle d'un curé. Jankélévitch est peut-être le plus grand théologien chrétien du 20° siècle, en final !

"C'est au fond du désespoir que la grâce ira nous chercher ; mais on n'est jamais au fond tant qu'on le sait : car le désespoir qui "sait" transcende encore son malheur ; car ce désespoir trop conscient est une pseudo-douleur, une impure douleur, au lieu d'être la douleur sincère qui souffre par amour et remords, et qui reprend confiance dans le doute le plus extrême ; car le désespoir qui se regarde désespérer dans un miroir et louche sur sa belle âme est, comme nous le disions, un disperato de théâtre et une sublime attitude, et il devient à la fois spectateur de lui-même et spectacle pour lui-même au lieu d'être un vrai désespoir tragique. La rédemption, sauvetage in-extremis, consolera le désolé à la dernière minute ou du moins à l'instant pénultième en le faisant rebondir du non-être dans l'être. Telles sont les trois heures obscures du mont Calvaire "entre la sixième heure et la neuvième", quand les ténèbres s'abattent sur toute la terre et que tout est en suspens. Alors les êtres retiennent leur respiration et n'attendent même plus l'aurore. C'est le trou noir dans l'extrême agonie. Le vide béant. L'autel éteint. Le silence tragique. Beaucoup de désespérés ont eu ainsi leurs trois heures d'angoisse et de délaissement ; dans l'éternité provisoire de leur agonie, bien des hommes se sont demandés une fois : à quoi bon ? et ont reproché à Dieu leur déréliction et leur solitude : "Il souffre cette peine et cet abandon dans l'horreur de la nuit", dit Pascal d'une autre ténèbre et d'une autre solitude. Car c'est au jardin des Oliviers que Jésus s'écrie : Triste est mon âme jusqu'à la mort. Jusqu'à la limite de la mort ! usque ad mortem... Cette angoisse mortelle, cette angoisse majeure, cette suprême angoisse, c'est le désespoir lui-même, autrement dit la maladie mortelle et l'acumen tragoediae après lequel il n'y a plus que l'aube de la renaissance... Il faut donc aider la grâce et faire comme si notre peine devait servir à quelque chose, mais non pas avec l'intention expresse, intéressée et mercenaire de l'utiliser pour notre salut. L'âme qui se sera prêtée sans calcul ni arrière-pensée à sa nuit de Gethsémani sera mieux aguerrie pour affronter ensuite cet enfer d'entre midi et trois heures, ce minuit méridien, cette nuit en plein jour ; sur le moment l'enfer du désespoir apparaît au désespéré comme un présent éternel et définitif, mais après coup l'enfer éternel n'aura duré que trois heures ; après coup notre labeur aura finalement servi à quelque chose ; désespérer ce n'est donc pas travailler fructueusement en vue de ses intérêts, de ses affaires ou de sa candidature, mais consentir à l'épreuve dans un esprit de renoncement et d'entière innocence."


Quand je lis ça je me souviens de certaine nuit de Gethsémani personnelle et cela me révolte oui, tout en acquiesçant aussi dans une certaine compréhension de ce qu'il veut dire. Mais je voudrais être aussi sûre que lui de cette "utilité" même désintéressée, et de la grâce finale.Tout de même... à cent lieues des hédonistes à la mode, tel Michel Onfray, dont j'aime pourtant assez l'idée du "couple ataraxique" et aussi de la vertu équanime de Comte-Sponville. Ah, il arrache, Jankélévich, il est aussi exaspérant que l'Evangile, et aussi à contre-courant de nos jours. Aussi scandaleux quand aujourd'hui on cherche à souffrir le moins possible.

Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.