lundi 29 décembre 2003

Mais la vie continue


"Une folie effrontée, une folie de premier ordre, tous les deux, mais non sans éclat, non sans amour ni rêverie. Une confiance sauvage, une bonté à la bohémienne l'un pour l'autre, qui ne craignait rien et qui, en d'autres circonstances, aurait été appelée de jolis noms. Ils auraient pu garder leurs distances l'un envers l'autre et être restés, avec avantage, chacun de son côté, mais c'est ce qu'ils ne faisaient pas, leur passion était authentique comme un premier amour. Mais elle était risquée et pleine de tribulations."


samedi 27 décembre 2003

Grâce à Isodensity découverte d'Arvo Pärt. Depuis plusieurs jours (Noël en fait) écoute en boucle de Summa, Orient et Occident, et le Miserere. Je ne croyais qu'on puisse écrire une musique d'une telle puissance religieuse au 20° siècle. C'est d'une beauté surnaturelle, très musique des sphères.

"Je veux sortir du compartiment pour me détendre les jambes, mais c'est impossible. C'est l'heure de la prière et les couloirs sont encombrés de passagers qui, agenouillés sur leurs tapis, s'inclinent en cadence. Le couloir est le seul lieu où ils peuvent prier. Le voyage en train leur pose néanmoins un problème liturgique : l'Islam ordonne en effet à ses fidèles de prier orientés vers la Mecque. Or notre train tournicote et change sans cesse de direction, plaçant les pieux voyageurs dans des positions périlleuses et les contraignant à se prosterner le dos tourné aux lieux saints."



"Ces Américano-Libériens ont l'expérience d'un seul type de société : l'esclavage, en vigueur alors dans les Etats du Sud de l'Amérique. Aussi, dès leur arrivée, la première chose qu'ils font, c'est de recréer une société similaire. A la différence que désormais ce sont eux, les esclaves d'hier, qui seront les maîtres et que les nouveaux esclaves seront les communautés indigènes qu'ils conquièrent et dominent.

Le Liberia, c'est la prolongation de l'esclavagisme par des esclaves qui refusent de détruire un système injuste et s'emploient à le maintenir, le développer et l'exploiter dans leur propre intérêt. Il semble qu'un esprit opprimé, dénaturé par l'expérience de l'esclavage, "né dans la servitude et enchaîné dès le berceau", soit incapable de penser, d'imaginer un monde affranchi, un monde où chacun serait libre."


"On m'emmène dans une cour entourée d'un bâtiment à deux étages avec des galeries. Le long des galeries se succèdent des cellules, toutes les portes donnent sur une cour bondée où une foule de prisonniers tourne en rond. Je scrute les visages. Barbus, à lunettes, ce sont des visages d'intellectuels : professeurs, assistants, étudiants. Le régime de Mengistu comptait de nombreux partisans dans le milieu universitaire. C'étaient pour la plupart des adeptes du socialisme albanais dans la version d'Enver Hodja. Au moment de la rupture entre Tirana et Pékin, les Ethiopiens hodjistes tiraient sur les Ethiopiens maoïstes. Pendant des mois, les rues d'Addis-Abeba ont ruisselé de sang. Après la fuite de Mengistu, l'armée est rentrée chez elle. Il ne restait plus que les universitaires. Ils ont été attrapés sans mal et enfermés dans cette cour surpeuplée."

vendredi 26 décembre 2003


"Les guerres des enfants se sont aussi développées avec les progrès de la technique. Les armes automatiques manuelles sont aussi légères et compactes, les nouvelles générations ressemblent de plus en plus à des jouets. Un vieux Mauser était trop grand, trop lourd, trop long pour un enfant. La détente était trop difficile à atteindre pour son bras, la ligne de mire était trop longue pour son oeil. Les armes contemporaines résolvent ces problèmes, éliminent ces inconvénients. Leurs proportions conviennent parfaitement à la taille de l'enfant et ont paradoxalement l'air de gadgets entre les mains d'un soldat costaud."



"Les Karamajong sont des éleveurs de vaches et ils se nourrissent essentiellement de leur lait. Parents des Iteso, ils considèrent également les vaches comme leurs plus grands trésors et comme des créatures mystiques. Ils croient que Dieu leur a donné toutes les vaches du monde et que leur mission consistent à les récupérer. C'est dans ce but qu'ils organisent en permanence des expéditions armées contre les peuplades voisines. Ces incursions (en anglais, cattle-raiding) tiennent de la rapine, de la mission patriotique et du devoir religieux. Pour obtenir le statut d'homme, les jeunes doivent prendre part à un cattle-raiding. Ces raids sont le thème central des légendes, récits et mythes familiaux. Ils ont leurs héros, leur histoire, leur mystique."


"Soroti est le chef-lieu d'une région habitée par le magnifique peuple nilo-chamitique, les Iteso. Ils sont plus d'un million. Ils se divisent en tribus et en clans. Ils vivent surtout de l'élevage des vaches : la vache est leur plus grand trésor. Non seulement elle est un étalon de richesse, mais elle possède ausi des vertus mystiques. Son existence, sa présence relient l'homme à un univers invisible et supérieur. Les Iteso donnent à leurs vaches des noms et croient que chacune a sa personnalité, son caractère. Quand il atteint un âge précis, l'enfant iteso a la charge d'une vache. Au cours d'une cérémonie spéciale, il reçoit son nom qu'il portera désormais. L'enfant s'amuse avec sa vache, passe avec elle ses moments de liberté, il en est responsable."

mardi 23 décembre 2003

Ebènes


"Quelque part dans le monde tourne, coule une énergie mystérieuse, qui, si elle s'approche de nous et nous emplit, nous donne la force de mettre le temps en mouvement : il se passera alors quelque chose. Mais tant que cela n'arrive pas, il faut attendre. Tout autre comportement est illusoire et utopique."

dimanche 21 décembre 2003

Heureusement sur ce jour, quelques tâches claires : un soleil d'hiver et les pièces pour clavecin d'Edelman.

Jean-Frédéric Edelman (on s'appelait souvent Jean-Quelque chose au 18°). Un Strasbourgeois. Né en 1749, musicien jusqu'en 1789, homme politique ensuite, Jacobin opposéà la Terreur, guillotiné en 1794.

Il semble qu'après la révolution, on n'a plus jamais composé ainsi, avec cette effusion gaie si opposée à la mélancolie romantique. Unique simplicité aussi, élégante et sans façon, rien qui ne prenne la pose.

Il a écrit aussi des pièces pour piano-forte. Je parlerai un jour du piano-forte, qui fait mugir de rage les adeptes des monstres de concert Steinway.

Le 21 décembre est pour moi le pire jour de l'année. La période du 21 au 31 décembre est un temps de déréliction et d'abattement dont tous les gens solaires (par exemple les Lions) doivent se méfier.

La mort du Soleil. Le temps où le cosmos se défait, se délie, un temps d'entropie. Le dragon de la nuit avale le monde, boit le soleil, les démons et les morts s'en donnent à coeur joie.

Jusqu'au 21 mars, ju'squ'aux temps des Pléïades, c'est à dire quand le Soleil reprend du poil de la bête, si je puis dire : image représentée par un Lion attaquant un Taureau, image mésopotamienne assez ancienne répandue chez nous via le culte de Mithra : le Soleil sort de son trou, tue le dragon-taureau,son sang coule et féconde la terre.

L'Apogée et le début de la fin se situe fin août ou vers l'automne, fête que les Iraniens appellent Mehrgan, fête agricole pour les sédentaires, début du retour des pâturages d'été pour les nomades.

Le 21 décembre l'entropie commence d'être à son plus haut degré.

Bref, en tant que Lion, rien à faire que d'attendre que ça se passe, faire le dos rond...

"J'ai vu le soleil bas, tâché d'horreurs mystiques
Illuminant de longs figements violets"

"Le soleil s'est noyé
Dans son sang qui se fige".

jeudi 11 décembre 2003

"On peut rire de tout mais pas avec n'importe qui". Cette phrase de Desproges, idiote au fond, ou bien rendue idiote d'être répétée idiotement pour tout et rien, permet aux pleutres de se défendre par avance de cynisme tout en rigolant, comme tout le monde des blagues les plus crades (c'est-à-dire les plus drôles). Doit-on, peut-on, faire des blagues antisémites avec un nazi ? Bien sûr. Et pousser cela jusqu'au bout, jusqu'à l'outrance pince-sans-rire, lui donner un ridicule achevé pour qu'au final la cible de l'ironie ne soit plus le sujet de la blague mais cleui qui en rit sérieusement. Difficile ? Ben oui, c'est pourquoi on ne s'entraîne jamais assez, jamais assez tôt, à rire de tout.
On parle toujours de la légèreté de l'enfance et du sérieux des grandes personnes. Mais c'est faux. Les enfants prennent tout au sérieux au contraire, on ne les voit pas souvent capables de second degré. Il y a un sérieux profond de l'enfance dans tout ce qu'elle touche, dans tous ses amusements : elle est susceptible, ignore la dérision, est féroce là où les adultes se contentent d'ironie...
Savoir enfin rire de tout, assaisonner la vie avec le sel de la dérision, ne rien prendre au sérieux mais osciller sans cesse entre tragédie et comédie, voilà ce qu'est grandir. C'est pour ça que les grandes personnes "sérieuses" sont en fait des enfants mal grandis, mal poussés et grognons, des adultes ratés, quoi.

lundi 8 décembre 2003

Quatre

Une phrase pareille : "J'ai vécu en moi-même des expériences authentiques, qui prouvent que les univers sont au nombre de quatre."

Sohrawardî.

samedi 29 novembre 2003

ça me fait toujours rire ces diaristes du Web, avec leurs messages sévères avertissant que tout ce qu'ils écrivent est copyright, et que toute utilisation sans le consentement de leurs auteurs, gna gna gna. A ceux-là j'aurais envie de répondre : êtes-vous sûrs que vos textes sont assez bons pour qu'on ait envie de les pomper, ô présomptueux ?
Les Variations Goldbergs jouées aux violons : loin de l'austérité de Gould, nous restituent cette tendre effusion qu'il y a souvent dans la musique de Bach, qu'il y a dans ses concertos pour violon ou haubois. Enfant, chez mon maître de musique, il y avait un portrait de Bach dans la salle de solfège. Perruque imposante, apparence sévère, mais seulement d'apparence... il me semblait répéter devant un maître impassible hormis un sourire de coin, une affection amusée dans les yeux.

La douceur des cordes et ces violons qui se répondent accentuent ce que l'on oublie un peu dans le jeu du clavier : c'est que ces notes ne sont pas assemblées pour une seule mélodie mais se répondent, jouent un dialogue. Il y a dans d'autres oeuvres d'autres compositeurs des lignes mélodiques assemblées dont l'assemblage même donne la mélodie, un peu comme un cordon tressé de plusieurs fils; mais on sent que ces lignes si elles se complètent, vont dans la même direction. Là le dialogue est plus proche de celui du concerto, soliste/orchestre ou de la musique de chambre. Je comprends pourquoi Glenn Gould tenait à ce point à tout décomposer, à se concentrer sur ce que chaque mesure avait à dire. Car chaque ligne mélodique joue sa partition seule en réponse aux autres. Jouer Bach au clavier c'est donc faire de chacun de ses doigts un instrument isolé mais en correspondance avec toute la main.

dimanche 23 novembre 2003

La musique de Toru Takemitsu. La musique contemporaine et sa mélodie brisée, éparse, est bien à l'image du monde. Avant l'art était religieux, la musique aussi. Il y avait un sens, une ligne, on donnait un point de départ et un point d'arrivée, quelques échappées entre, rondos d'arabesques, pirouettes, on retombait toujours sur la bonne ligne d'arrivée. L'écoute de la musique atonale n'est plus un hymne à l'Histoire humaine mais elle laisse échapper son désordre. La musique contemporaine se lit comme le désordre du monde, des manchettes de presse, du bruit, des voix, des coups de canon, c'est comme si l'on zappait sur toutes les chaînes du monde. Dans tout ce collage assemblé on cherche une cohérence cachée, on y croit, comme à l'écho du big bang qui ronfle dans l'univers, ronronnement rassurant de chaudière qui nous dit que la maison n'est pas morte.

Mais la musique de Takemitsu est buccolique. Il y a un génie japonais qui met autant d'importance à poser le pépiement d'un oiseau sur la trame d'une histoire que la tragédie d'un homme. Je ne sais si c'est à cause du shintoisme. Un monde fait d'une foule de petits génies, parfois entre eux discordant, doit ressembler à ça, cette musique de sons concrets. La flûte s'élève, vacille, retombe, avec autant d'apparent hasard que la course d'une feuille morte dans le vent. Une corde basse gronde, gronde, la voix d'un crapaud et puis se tait, sans motif invoué ni pour son surgissement ni pour son effacement.

Dans la musique modale, il y a comme une recherche enfiévrée de sens. Elle fait éclater les peines humaines, joie, tristesse, victoire, pleurs, deuil, tendresse brûlante, tout cela est ligible, intelligible, ressenti d'emblée, tout cela se porte à notre hauteur. La musique amodale nous laisse suggérer que peut-être il n'y a pas de sens. La flûte de Takemitsu nous ramène à la vacuité apparente qui doit réveiller. On apprend plus à s'écouter on écoute le monde. Se fier à la voix du crapaud.

Grande découverte médicale à Fresnes : les prisonniers les plus perturbés psychiatriquement sont soignés avec succès par la musicothérapie et l'aromathérapie. Alors que depuis Rhazès le grand psychosomaticien persan du IX° siècle, toute l'ancienne psychiatrie musulmane reposait là-dessus, des hôpitaux beaux et lumineux, comme le Bimarestan d'Alep (13° s), de la musique, des parfums et des épices, et même de la lecture de poèmes comme à l'hôpital ottoman de Manisa (16°)...

samedi 22 novembre 2003

Le clair-obscur de Mozart et celui de Beethoven, dans leurs concerti pour piano. Mettons par exemple le concert n° 21 K. 467, (premier mouvement), et le n° 25 K. 595 (le second mouvement) pour Mozart, et pour Beethoven le concerto n°4 (premier mouvement) et le concerto n°5 (premier mouvement). Le clair-obscur de Mozart, comme chacun sait, est un sourire dans les larmes, un sourire de pleurs, le rire en pleurs d'Andromaque. Mais les notes du piano du premier mouvement de l'Empereur, petites notes obstinées et martelées sur le clavier, ne sont pas un sourire à travers la tristesse, ce sont les notes du courage, de cette petite voix intérieure qui chuchote vas-y quand même.
La semaine littéraire

Le Récital des anges. Pas mal, je le répète quand il s'agit de parler de l'enfance je trouve les Anglo-saxons incomparables. En France, c'est soit l'indifférence, soit la cucuterie. Ou alors les chiards anglophones sont plus drôles et plus éveillés que les nôtres ?

Le Sacre de Louis XVII. Un beau livre, poésie de l'adn, mystique de l'adn même, et plus digeste que ce qu'écrit Dantec là-dessus.

dimanche 16 novembre 2003

Dans le Roméo et Juliette de Prokoviev, la Marche des Capulet, qu'elle soit jouée en orchestre ou au piano m'enthousiasme toujours autant. Ce n'est pas un air "martial" au sens où on entendrait une marche militaire, c'est plus que la marche d'un régiment, puisque c'est la marche du destin, quelque que chose de terrible finalement, mais la tragédie a tout de même un côté enthousiasmant quand on y court. C'est plus alerte cependant que l'arrivée du Commandeur dans Don Giovanni. C'est ce quelque chose d'épouvantable, d'orageux, que l'on adore entendre gronder. Oui, cela me fait le même effet que la beauté symphonique de l'orage : ça va barder, chouette.

dimanche 9 novembre 2003

Pendant au moins deux décennies, les US ont appuyé les islamistes dans plusieurs endroits du monde, en Algérie, en Afghanistan, au Pakistan... Et puis le 11/9 leur a explosé en pleine figure. Israël a favorisé l'essor du Hamas contre l'OLP avant de découvrir qu'il y a tout de même quelques inconvénients à cela. Aujourd'hui, c'est l'Arabie saoudite, ce cancer de l'Islam, qui découvre avec étonnement que cela peut se retourner contre elle aussi.

vendredi 7 novembre 2003

Série d'émissions consacrées à Henry Corbin sur France Culture. Jambet rappelle que Corbin a battu cette idée, depuis Renan, que la philosophie musulmane s'arrête à Averroès, ce que presque tout le monde croit encore. Mais précisément, Gobineau lui établit la liste des grands philosophes iraniens jusqu'à ses contemporains. Mais c'est Renan que l'on a cru, preuve qu'il ne sert à rien de multiplier les preuves éclatantes, d'aller voir sur place et d'en revenir en racontant ce que l'on a vu, l'idée générale que le monde se forge sera toujours celle que le monde veut entendre.

lundi 3 novembre 2003

Gobineau et l'Iran



Sur le christianisme local, qu'il juge d'une "ignorance effrayante" :

"Quand, par un grand hasard, il m'est arrivé de rencontrer un prêtre chrétien indigène qui s'occupât, outre le soin exagéré de ses intérêts temporels, de quelques questions plus élevées, j'ai constaté qu'il était soufy. Rien de plus simple."

Ce qui m'amuse aussi, c'est finalement que mon propre syncrétisme, on ne peut plus vague et fourre-tout, est totalement adapté.

Ketman et mètis

Un peu avant ça je fais mon miel d'un passage concernant la "dissimulation", la taqiyah chiite qu'il appelle Ketmân.

"C'est là ce que la philosophie asiatique de tous les âges et de toutes les sectes connaît et pratique, et que l'on appelle le Ketmân. Un Européen serait porté à voir dans ce système, qui ne rend pas seulement la réticence indispensable, mais qui détermine l'emploi du mensonge sur la plus vaste échelle, il y verrait, dis-je, une situation humiliante. L'Asiatique, au rebours, la trouve glorieuse. Le Ketmân enorgueuillit celui qui le met en pratique. Un croyant se hausse, par ce fait, en état permanent de supériorité sur celui qu'il trompe, et fût pour ce dernier un ministre ou un roi puissant, qu'importe, pour l'homme qui emploie le Ketmân à son égard, il est, avant tout, un misérable aveugle auquel on ferme la droite voie, qui ne la soupçonne pas : tandis que vous, déguenillé et mourant de faim, tremblant extrérieurement aux pieds de la force abusée, vos yeux sont pleins de lumière, vous marchez dans la clarté devant vos ennemis. C'est un être inintelligent que vous bafouez. C'est une bête dangereuse que vous désarmez. Que de jouissances à la fois !"

Mais il ajoute :

"Voilà le système. Mais il ne faudrait pas ici se tromper. L'Asiatique n'a en lui ni l'énergie active ni surtout l'imperturbable suite dans les idées qui lui seraient indispensable pour appliquer le Ketmân dans toute sa rigueur. Je viens de tracer la théorie; la pratique ne se pique point de la suivre pas à pas."

Gobineau, on le sent, aime ces Asiatiques et s'en amuse. Je n'ai pas encore lu qu'il songeait à les réformer.
Contre cette islamophobie fatigante et en générale d'une ignorance crasse, qui court un peu partout en ce moment et notamment sur la blogosphère, et aussi contre ceux qui sont persuadés de la supériorité de la culture judéo-chrétienne en feignant de ne pas voir que le rameau abrahamique a trois branches, je tombe sur ce texte, amusant quand on en connaît l'auteur :

"Il est difficile de partager l'opinion de ceux qui veulent montrer dans le dogme mahométan un empêchement direct au développement intellectuel. Le contraire semblerait plus soutenable. Une religion qui a prononcé cette formule :"l'encre des savants est plus précieuse que le sang des martyrs", qui assure que chaque homme, au jugement dernier, sera examiné sévèrement sur l'usage qu'il aura fait de l'intelligence à lui départie, qui a vu depuis sa naissance au VII° siècle jusqu'à la fin du XVI° siècle, pour ne pas descendre plus bas, une telle prospérité matérielle soutenue et entretenue par un tel état scientifique et littéraire dont nous ne connaissons en réalité pas tout, cette religion ne saurait passer avec justice pour contraire aux labeurs de l'esprit. Que si, depuis la dernière date que j'indique, l'Asie Centrale a souvent été déclinant, ce phénomène s'explique assez sans qu'on ait besoin de s'en prendre à l'islam. Qu'on suppose, dans un pays européen quelconque, la prédominance absolue de la discipline militaire et administrative, pendant une période de deux cent cinquante ans, comme cela a eu lieu en Turquie; qu'on y conçoive quelque chose de pareil à l'anarchie guerrière de l'Egypte sous une conscription d'esclaves étrangers, Circassiens, Géorgiens, Turks, Albanais; qu'on s'y figure, comme dans la Perse postérieurement à l'année 1730, une invasion afghane, la tyrannie soldatesque de Nader-Shah, les crutautés et les ravages qui ont marqué l'avènement de la dynastie actuelle des Kadjars; que l'on réunisse cet ensemble de circonstances, avec le concert de causes secondaires qu'il amène tout naturellement, on concevra alors ce que le pays européen que j'imagine, tout européen qu'il sera, aura pu devenir, et je ne trouve pas nécessaire de chercher d'autre explication à la ruine des pays orientaux ni de charger l'islam d'une responsabilité injuste. Je me refuse tout à fait à accuser d'obscurantisme une foi religieuse à laquelle on pourrait mieux reprocher de ressembler plutôt à une philosophie assez vague qu'à une observance définie, et qui, d'ailleurs, soit dit encore une fois, a sinon créé, du moins laissé créer d'assez belles périodes d'intelligence pour qu'on lui épargne des reproches que les faits démentent. Je ne suppose pas nécessaire d'élaborer ici une apologie pour expliquer l'existence de moullas plus ou moins ignorants et grossiers. Il en est, sans doute, et des plus grotesques, mais il faut avouer de même qu'il a existé de tout temps, et même en Europe, des philosophes et des savants qui n'étaient pas des modèles de raison et de bons sentiments, ce qui n'est pas plus à la charge de la science que les sottises de prêtres ineptes ne sauraient l'être à celle de l'islam."

Et qui dit ça ? Quel est cet inféodé à l'obscurantisme asiatique ? Le comte de Gobineau, le chantre des vertus de la race blanche, de la supériorité du monde européen, mais qui, dans son essai Religions et philosophies dans l'Asie centrale, laisse transparaître à chaque page qu'il est séduit par l'Asie et les Asiatiques. 
La voix de Vladimir. Déchirante, rageuse, rauque, épouvantablement et merveilleusement sortie des tripes. Cette voix-là c'est comme s'il était vraiment tous ces personnages, le soldat russe de 42, le boxeur K.O, celui qui croupit dans un hôpital soviétique des années 70, le taulard.... Vladimir est un des plus grands chanteurs du 20° siècle, et ici personne ne le connait.


Les cabans noirs

Nous avons laissé derrière nous des défaites, des crépuscules
Si seulement il y avait eu un envol insignifiant, même insivible.
Je veux croire que nos cabans noirs
Me permettront aujourd'hui de voir l'aurore.

Aujourd'hui on nous a dit devant les gens :"Mourez héroïquement !"
On essaiera, d'accord ! On verra comment ça tournera.
Mais j'ai pensé en fumant des cigarettes qu'on m'avait passées :
Chacun fait ce qu'il peut, moi ce que je veux, c'est voir l'aurore.

Un commando spécial, c'est un honneur spécial pour un sapeur.
Ne me tombez pas dessus du haut des arbres avec un poignard.
Pas la peine de vous donner du mal : même la gorge ouverte
Je verrai aujourd'hui l'aurore jusqu'au bout.

On a traversé les arrières, en se retenant pour ne pas égorger les ennemis endormis.
Et soudain j'ai remarqué en coupant les barbelés avec les dents
Un tournesol encore nigaud, tout vert, mais sensible
Qui avait déjà tourné sa tête vers le levant.

Derrière mon dos à six heures trente sont restés, je le sais
Non seulement des défaites et des crépuscules mais aussi des envols et des aurores.
Je dépouille en grimaçant deux fils avec mes dents.
Je n'ai pas vu l'aurore mais je sentais qu'encore un peu et elle serait là.

Le commando revient sur ses pas, décimé.
Ce qui s'est passé n'a pas d'importance : ce qui est important, c'est d'avoir fait sauter le fort.
Je veux croire que notre sale travail
Vous permettra de voir maintenant sans entraves l'aurore.


La voix de Vladimir, même si l'on ne comprend pas les mots russes de ses chansons, déchire l'âme comme une histoire connue, que l'on reconnaîtrait, toutes les plaies de nos âmes, une peine familière et intime comme l'Elégie op 24 de Fauré pour violoncelle et piano parle sans mot. Vladimir est le chanteur de ceux qui boivent le "lait noir de l'aube", comme dit Paul Celan.

vendredi 31 octobre 2003

Parmi tous les instruments massacrés et les voix éraillées qu'on peut entendre dans le métro, il arrive de petits miracles. Sur la ligne 7, un jeune Gitan, anneau d'or à l'oreille gauche, un violon en main. Un extrait des Quatre Saisons, un autre d'une Suite pour orchestre de Bach. Très bon violon, alerte, incisif, et d'une grande justesse, ce qui est rare avec cet instrument.

mercredi 29 octobre 2003

Pourquoi maintenant on dit positionnement au lieu de position ? "positionnement social" ! Et argumentaire, pour argument. Mots lourds, pédants, universitaires.

lundi 27 octobre 2003

Léon Bloy à la guerre fut héroïque.

"J'étais seul, enfin seul ! contre plusieurs milliers de projectiles, dont une bonne moitié, au moins, ne pouvait pas ne pas m'atteindre, et j'avais la certitude absolue de ne rien attraper du tout."

Et dans le camp adverse, Nietzsche.

mardi 21 octobre 2003

"Sa voix de maréchal des logis, quand une étrangère s'est installée sur sa chaise, prend des notes cristallines d'harmonica ou d'expirantes sonorités de viole d'amour quand elle récite le chapelet ou les litanies. Celui qui n'a pas entendu ça n'a rien entendu."
Id, Nouvelle série, LXXXIV.

"Le président Jules Grévy venait d'inaugurer le Salon des Champs-Elysées. Il dit à ceux qui le reconduisaient à la sortie : "C'est cela, messieurs, c'est cela. Pas de génie, mais une bonne moyenne, voilà ce qu'il faut à notre démocratie !"

Id, Nouvelle Série, LXXVII.


" Le vertueux Fouquier-Tinville, au moment d'être conduit à la guillotine où il en avait expédié tant d'autres écrivit : "Je n'ai rien à me reprocher, je meurs sans reproches." Ce témoignange de sa conscience est conservé aux Archives nationales. Une telle relique est probablement miraculeuse et on devrait la faire toucher aux imbéciles atteints de mansuétude."
id, Nouvelle série, XLI.


"Il tuait pour vivre, - comme la plupart des honnêtes gens, - parce qu'il n'y a pas de sot métier."
Id., I, VI.


"Quand j'exhorte ma blanchisseuse, Mme Alaric, à ne pas prostituer sa dernière fille comme elle a prostitué les quatre aînées ou que, timidement, je propose à mon propriétaire, M. Dubaiser, l'exemple de quelques Saints qui ne crurent pas indispensable à l'équilibre social de condamner à mort les petits enfants, et que ces dignes personnes me répondent : - Nous sommes aussi religieux que vous, mais Dieu n'en demande pas tant..., je dois reconnaître qu'elles sont fort aimables de ne pas ajouter : au contraire ! bien que ce soit évidemment, nécessairement, le fond de leur pensée."
Léon Bloy, Exégèse des lieux commun, Série I, I.

jeudi 16 octobre 2003

Chatter des heures, et à horaires fixes en plus. Une bonne façon de me forcer à rester devant ce pc et à écrire ce foutu roman. Non le chat ne détourne pas du travail, mais non, pas toujours... D'ailleurs les autres à leur bureau, que font-ils sinon travailler et bavarder en même temps ? Un peu comme une classe où l'on aurait le droit de parler à son voisin.

dimanche 12 octobre 2003

Tibère. L'abominable Tibère décrit par Suétone, le meurtrier sournois de Tacite, est, sous le stylet de Dion Cassius, un assez brave type, finalement corrompu par l'adulation lâche du Sénat et finalement gagné par la paranoïa.

Le Sénat, la mort de Séjan en tout cas, une superbe illustration du totalitarisme, on croirait lire du Kadaré.

vendredi 10 octobre 2003

En ce moment il y a un truc qui traîne sur les blogs, une liste de bouquins à rayer-compléter. ça se présente comme ça :


Le principe est simple :
- Copiez la liste
- Enlevez les noms rayés et les commentaires
- Rayez ce qui n'est pas dans votre bibliothèque
- Rajoutez des noms jusqu'à ce qu'il y en ait 10 (sans compter ceux rayés)



Le problème est que je dois tout rayer et tout recompléter. En final, suffit de donner au hasard 10 livres de ma bibliothèque. C'est pas d'un grand intérêt puisque je brise la chaîne...

Allez, même pas au hasard, si je prends systématiquement le premier volume de chaque rayon :

- Le Mahabharatta traduit par Madeleine Biardeau.
- L'empire des Ramsès de Claire Lalouette
- Rempart des pucelles dans la série le Roman de Baïbars.
- Etats, sociétés et cultures du monde musulman médiéval (colelctif).
- L'énigme du clou chinois de Van Gulik.
- Molière théâtre complet 1.
- 60 gags de Boule et Bill par Roba.
- Le vicomte de Bragelonne d'Alexandre Dumas.
- Nietzsche, essai de méthodologie, par Ernst Bertram.
- Le comte de Monte Cristo, toujours de Dumas.
- Le sud, d'Yves berger.
- Hemingway (presque tous ses romans en Omnibus).
- Mort anonyme d'Abe Kobo.
- Chant général de Pablo Neruda.
- Choix de poèmes de Paul Celan.
- Le crime de Mayfair de Martha Grimes
- Journal d'un écrivain de Woolf
- Le soleil est aveugle de Malaparte
- Albertine disparue de Proust.
- L'identité de la France de Braudel.
- The Oxford Library of English Usage.
- Le paradis de Cézanne de Sollers.


Ce qui donne 22.
Je double la mise, quoi.

lundi 29 septembre 2003

Kazan


La mort d'Elia Kazan. Une des scènes de cinéma qui m'a toujours le plus enflammée, tous films confondus : dans America, America, quand le jeune Stavros tourne comme un derviche fou sur le pont du bateau...

dimanche 21 septembre 2003

On projette aujourd'hui, d'enseigner l'histoire aux élèves français et allemands avec un manuel commun. Bien. Et pourquoi seulement une histoire franco-allemande ? Ne serait-il pas plus logique dans ce cas d'enseigner une histoire européenne ?

Et si c'est encore un de ces actes spectaculaires "réconciliatoires" pourquoi les Allemands ? Est-ce qu'il y a encore un danger de guerre entre l'Allemagne et la France ? Est-ce que les écoliers français aujourd'hui voient encore leurs cousins germains comme l'ennemi héréditaire ?

S'ils s'agit d'apprendre l'histoire de l'autre dans un "esprit de réconciliation", ne serait-il pas plus judicieux d'essayer de se réconcilier avec l'ennemi à venir, celui de la prochaine guerre ? Une histoire christiano-judéo-musulmane serait plus judicieuse et ça ferait du bien à tout le monde. Quelque chose comme un dictionnaire khazar du monde, une histoire de nos cultures post-bibliques, en fin de compte, ce qui ne serait pas mal pour ensuite s'ouvrir aux véritables pensées exotiques, celles des Indes et de l'Extrême-Orient.

Alors à côté de ça, franco-allemand, c'est d'un petit...

samedi 20 septembre 2003

Heureusement pour certains, que l'islamisme existe. Alors on peut dire autant de mal que l'on veut de l'islam en se tournant vers le Pakistan, l'Afghanistan, enfin tous ces cercles de l'enfer dont les noms se terminent en stan , et qui sont peuplés de violeurs en turbans et de violées en burqa, en disant, le geste large : "la preuve regardez..."

jeudi 11 septembre 2003

Apparemment, sur France Culture aujourd'hui, certains journalistes semblent mettre un point d'honneur à commémorer le 11 septembre 1973. Alors que parler du 11 septembre 1973 après 2001, ça a un petit côté décalé, très intellectuel indépendant, on ne tombe pas dans les pièges faciles des sujets faciles, etc. ça fait quand même un peu snob, je trouve, d'autant plus que je ne me souviens pas qu'on parlait autant du putsch chilien avant 2001.

mardi 9 septembre 2003

Cette manie qu'ont les journalistes, depuis quelques temps, depuis la guerre d'Irak peut-être, ça a dû lancer la mode, de prendre un accent qu'ils croient "arabe" en prononçant les noms propres : Mahmoud devient Marrrmoud, enfin une espèce de râle où un ghayn prolongé se substitue au ha, ou bien c'est un Kha du feu de Dieu qui le remplace. Le jour où ils vont s'essayer au 'ayn on risque d'avoir une succession de Trrali, Rrrrothman, Rrrromar assez gratinés.

mardi 2 septembre 2003

Le journaliste de France culture, en train de commenter l'enterrement de l'ayatollah Hakim parle d'un cortège "relativement calme, et même calme"... On sent la surprise déçue dans sa voix. Quoi ? Les Chiites ne se comportant pas toujours comme des fous furieux ? toutes les manifestations chiites ne se transforment pas en bain de sang et flagellation ?

jeudi 28 août 2003

Jankélévitch en débat : la pétulance même. Diable d'homme, diable de philosophe, si loin du détachement, de l'équanimité, fustigeant les "crétins... ou si vous voulez les abrutis", l'écouter m'éclate toujours, lui répondant, le méridional plein de faconde qu'est Michel Serres en semble tout affadi.

mercredi 27 août 2003

Madame de Staël disait que sous la monarchie, une femme craint et encourt le ridicule, en république, la haine. Cela me fait penser aussi à Montesquieu, qui disait que sous le despotisme les hommes étaient régis par la crainte, sous la monarchie par l'honneur, en république par la vertu.

Et en général quand une société parle de vertu, c'est rarement pour se soucier de ce que les hommes ont entre les jambes.

Karli. Cette mithuna illustre bien la beauté indienne, je trouve, celle d'être gras, serein, souriant. La beauté est ronde, joufflue, bien nourrie, comme presque partout en Orient. La laideur est mal nourrie.


samedi 23 août 2003

J'aime cette sentence de Jankélévitch, "Les nazis ne sont des hommes que par hasard." Après tout, ceux qui ont prétendu sortir de l'humanité, pourquoi le leur refuser ?

vendredi 22 août 2003

Depuis quelques temps sur la page d'accueil de Yahoo! : "Lire c'est trop fatigant ? Recherchez les images du Web." Trop fatigant, oui, pourquoi être obligé d'apprendre, d'ailleurs, quel monde cruel...

lundi 18 août 2003

Les réparations financières de la Lybie aux victimes de la Lockerbie. Très tribal, en somme, ce qu'on appelle le prix du sang, une somme après marchandage et estimation de la valeur de la victime, tout ça pour éviter une vendetta, enfin une suite de représailles sang pour sang. Et bien sûr que non les victimes ne peuvent être égales, une victime est plus chère selon le clan - ou l'état qui la défend, c'est-à-dire qu'une victime qui engendre une grande soif de vengeance et la volonté de véritables représailles vaudra toujours plus chère qu'une autre. En gros, il s'agit de discerner si l'on doit apaiser un tigre ou un chat-haret. Le terme de "marchandage" appliqué à cette situation n'est ni calomnieux ni infamant, car il s'agit bien de cela.

dimanche 17 août 2003

Balade

Ie meurs de soif en couste la fontaine
Tremblant de froit ou feu des amoureux ;
Aveugle suis et si les autres maine ;
Pouvre de sens, entre saichans l'un d'eulx ;
Trop negligent, en vain souvent songneux.
C'est de mon fait une chose faiee,
En bien et mal par Fortune menee.

Ie gaigne temps et pers mainte sepmaine ;
Je joue et ris quant me sens douloreux ;
Desplaisance j'ay d'esperance plaine ;
J'atens bon eur en regret engoisseux ;
Rien ne me plaist et si suis desireux ;
Je m'esjoïs et cource a ma pensee,
En bien et mal par Fortune menee.

Ie parle trop et me tais a grant paine ;
Je m'esbaïs et si suis couraigeux ;
Tristesse tient mon confort en demaine :
Faillir ne puis au mains a l'un des deulx.
Bonne chiere je faiz quant je me deulx ;
Maladie m'est en santé donnee,
En bien et mal par Fortune menee.


L'envoy

Prince, je dis que mon fait maleureux
Et mon prouffit aussi avantageux
Sur ung hasart j'asserray quelque annee,
En bien et mal par Fortune menee.

Charles d'Orléans. Ballade 75.



samedi 16 août 2003

La Passion du Christ

La Fondation Simon Wiesenthal voudrait que Mel Gibson fasse modifier son film sur la Passion (tourné en partie en araméen). Il faudrait que tout ça ne donne pas l'impression que les juifs aient été responsables un tant soit peu de tout ça. Comme si l'Evangile n'était pas aussi, au départ, un règlement de compte entre rabis juifs, à l'intérieur du judaïsme !

Finalement ils devraient carrément changer tout le scénario (et on réécrirait la Passion Saint-Mathieu à la place de Bach, pendant qu'on y est), en donnant à tout cette histoire une fin musulmane : non le Christ n'est pas mort, ni crucifié, c'est une image qu'ils ont cru exécuter (un simulacre à la hélène de Troie) et il est monté directement au ciel, comme Khidr. Voilà. Islamiser l'Evangile pour rassurer les juifs, ça serait très politiquement correct, très propice à la réconciliation, aux bons sentiments, tout ça...

L'ennui c'est que la fin musulmane ne devrait plaire ni aux chrétiens ni aux juifs, Jésus devant revenir à la fin des temps, et du haut du minaret de Damas, exterminer en un seul appel tous ces mécréants non musulmans.

On n'en sort pas.

Il serait temps de s'en rendre compte : le monothéisme biblique n'a pas donné naissance à des religions gentilles. C'est toujours, au départ, une histoire de fureur et de condamnation.

samedi 2 août 2003

La voix de Jankélévitch dans ses cours enregistrés me fait rire. Elle est pétulante, véhémente, on l'imagine dressé sur sur la pointe des poieds, agitant l'index pour mieux ponctuer son discours, comme un petit prof de lycée s'essayant à faire rentrer dans le crâne de crasseux cancres de Terminale les vérités élémentaires.

lundi 28 juillet 2003

Depuis peut-être dix jours, il a ici, un essaim de mouettes rieuses. Je dis essaim parce qu'elles sont nombreuses, il y eut même un soir orageux (le premier) où le ciel en était couvert, comme une invasion soudaine. Depuis, les vols sont moins nombreux, mais régulier, chaque soir, ou le matin, il y a ces cris de ménades. C'est la première fois que je les vois ici, du coup on entend moins les corbeaux. Pourquoi ont-elles choisi de s'installer dans le 15° ? Mystère. Est-ce que cela annonce un saut climatique ? Il se peut que Paris, dans quelques années, ne soient plus la ville des pigeons mais celle des mouettes. Why not ?

samedi 26 juillet 2003

Giuseppe Tartini, la Trille du Diable, sombre, orangée, passionnée, du vrai pré-romantisme.

mercredi 23 juillet 2003

Aujourd'hui on nous bassine avec la "nouvelle violence urbaine", les jeunes "machos des banlieues" influencés par une culture ou une religion "sexiste" (devinez laquelle), enfin bref le phénomène soi-disant si nouveau des "tournantes."

J'ai trouvé ce passage dans le livre d'Alain Demurger, Temps de crises, temps d'espoirs, XVI°-XV° siècle :

"Canalisation de la violence.

La violence, dans la mesure où elle peut conduire au crime, n'échappe pas à la répression. Mais il est des violences tolérées, que l'on s'efforce de canaliser, selon une attitude constante au Moyen-Age : la paix consiste moins à éradiquer la violence qu'à la contrôler. (intéressant de comparer à aujourd'hui, où il me semble que l'on cherche à éradiquer la violence, et où justement on ne la contrôle pas).

Tel est le cas de la violence sexuelle, dont J. Rossiaud écrit qu'"elle est une dimension normale, permanente de la vie urbaine" (ajoutons "et de la vie des campages"). Ce qui est en cause surtout, c'est le viol collectif pratiqué par un groupe d'âge précis, celui des "jeunes", rassemblées en bandes ou "abbayes de jeunesse". Ils s'en prennent aux femmes démunies (les servantes, les veuves); mais aussi, dans la mesure où le viol collectif est une "vengeance sociale" (J. Rossiaud), à la jeune femme d'un homme âgé, à la concubine du prêtre, etc. Le charivari organisé aux dépens de ces mêmes catégories est une version moins brutale d'une même pratique.

Cette violence rituelle est largement tolérée. C'est "Nature" qui est invoquée par tous les théoriciens des moeurs de cette époque. Les abbayes de jeunesse ont pignon sur rue et contribuent par ailleurs à l'animation de la vie civique et sociale de la ville. Mais les notables en craignent les débordements. Le bordel municipal, la "maison commune" qui accueille les "fillettes" ou filles communes, naît de cette tolérance et de cette crainte."

lundi 16 juin 2003

Emission sur Lartigue. Reproches ouverts qu'on lui fait de son "désengagement", ce côté héros de Fitzgerald avec lequel il traverse les guerres. Mais pourquoi un artiste doit-il rendre compte aujourd'hui de son "engagement", comme au 17° siècle l'Eglise pouvait s'inquiéter de la piété d'un peintre ? S'engager à tous prix ? Il y a tellement d'imbéciles qui l'ont fait, entre les bataillons de plumitifs qui canonnaient leur patriotisme en 14-18, les chantres de la révolution noire et du renouveau fasciste, les thuriféraires du stalinisme, et aujourd'hui les pro, les anti de tous poils, je trouve reposant qu'il y ait de temps à autre, des âmes entièrement désengagées, indifférentes. Et même je trouve qu'il n'y en a pas assez. C'est de l'enthousiasme que naissent les mondes totalitaires, pas des indifférents blasés.

Eloge de l'Indifférence.



L'Indifférent, de Watteau, par exemple. Evidemment pas engagé pour un sou, tout cela. La Révolution va se charger d'y mettre bon ordre. On aura David. Peinture engagée, lui certes, froide et chiante à mourir, mais bien dans son siècle.

L'idéaliste aux mains rouges. J'ai le droit de tuer et même de m'être trompé en tuant, parce que je l'ai fait avec sincérité. Ah oui, il n'y aura jamais assez d'indifférents.

samedi 14 juin 2003

Extrait d'une émission radio sur la série des Martine de Marcel Marlier. Je dois dire que ça ne me passionnait guère, je trouvais ça un peu fadasse. Mais alors si j'avais su, je m'y serais drôlement intéressée ! Apparemment, c'est un vrai procès en sorcellerie que les bonnes âmes bien-pensantes du psychanalo-féminisme lui isntruisent.

Alors, tenons-nous bien, voici les principaux griefs exposés que j'ai noté tout de suite pour ne rien en perdre :

1/ dans certains albums on voit la petite culotte de Martine = crypto-pédophilie.
2/ à 8-10 ans, visiblement elle n'a pas de "projet professionnel" = sexisme (faire de la montgolfière ne rentre pas dans les projets professionnels qui émancipent une femme, ça ne compte pas).
3/ elle est trop "féminine" = faudrait-il empêcher les gamines de minauder un ruban dans les cheveux ? moi on m'a fait suer parce que j'étais garçon manqué -syndrome Claude du Club des Cinq,j'avais d'autres lectures- mais voilà, autres temps, autres moeurs...

jeudi 12 juin 2003

LONDRES (Reuters) - Des sièges d'avion dotés de capteurs pourraient bientôt informer les équipages si un passager présente des signes de nervosité.

Je me demande si un avion pourra jamais décoller avec moi dedans.

lundi 9 juin 2003

L'allegro du concerto l'Empereur. Toujours le côté pom pom pom de Beethoven, et puis l'orchestre se taît et seul le piano continue, et alors ces notes fragiles et cristallines, non pas comme une comptine mozartienne, ces notes qui serrent le coeur, encore plus en clair-obscur que Mozart.

lundi 2 juin 2003



"Certes, c'est parce que la victoire est incertaine et que les jeux se déroulent dans un espace ouvert, qu'Athéna "médite", mais, cette fois, au sens grec de mêdesthai qui participe étroitement de l'activité intellectuelle de la mètis. Appuyée sur la lance, la tête inclinée vers la borne qui marque la ligne de départ, l'Athéna de l'Acropole est l'image non de la Raison, mais de la Prudence, de la phrônesis, cherchant à prévoir les péripéties du parcours et tout occupée à "penser" la course qu'elle va disputer."



"Corneille de mer" comme la déesse blanche, Leucothéa, l'Athéna de la mer n'apporte pas au navigateur un salut absolu autant que mystérieux; son action ne s'affirme pas davantage dans le jeu contrasté du noir et du blanc qui caractérise l'intervention des Dioscures. Qu'elle se tienne aux côtés du pilote pour lui ouvrir un chemin sur la mer ou qu'elle dépêche l'oiseau, instrument efficient du franchissement des gouffres, Athéna se manifeste dans le monde marin par l'exercice d'une intelligence navigatrice qui sait tracer sa route droit sur la mer en rusant avec les souffles et la mouvance des flots."



"Ulysse et Athéna s'entendent comme larrons en foire. C'est elle-même qui se plaît à le lui rappeler, au moment où, sans le savoir, Ulysse vient d'aborder aux rivages d'Ithaque. Athéna, qui veut éprouver la mètis de son protégé, prend l'apparence d'un adolescent et lui révèle le nom du pays dans lequel il vient de se réveiller. Aussitôt, pour ne pas se trahir, Ulysse lui forge quelques belles menteries : "Jamais en son esprit les ruses ne manquaient." Athéna l'écoute en souriant : "Quel fourbe (kerdaléos), quel larron (epiklopos), quand ce serait un dieu, pourrait te surpasser en ruses de genres!... Tu rentres au pays et ne penses encore qu'aux contes de brigands, aux mensonges chers à ton coeur depuis l'enfance... Trêve de ces histoires ! Nous sommes deux au jeu : si, de tous les mortels, je te sais le plus fort en calculs et discours, c'est l'esprit (mètis) et les tours (kerdê) d'Athéna que vantent tous les dieux."


samedi 31 mai 2003



"Pareil à Danaos, premier navigateur et pilote prudent autant que prévoyant, pronoos, le bon timonier doit avoir pesé tous les coups, en bon joueur de tric-trac : il lui faut prévoir les sautes de vent, opposer ruse à ruse, guetter l'occasion fugitive d'inverser le rapport des forces."


jeudi 29 mai 2003

Découverte appréciable de Yeats.

Dès le premier poème du recueil, sous le charme. Il est vrai que l'écoute simultanée d'une pièce de clavecin de Balbastre y ajoute :

DOWN BY THE SALLEY GARDEN

Down by the salley gardens my love and I did meet
She passed the salley gardens with little snow-white feet
She bid me take love easy, as the leaves grow on the tree ;
But I, being young and foolish, with her would not agree.

In a field by the river my love and I did stand,
And on my leaning shoulder she laid her snow-white hand
She bid me take life easy, as the grass grows on the weirs ;
But I was young and foolish, and now am full of tears.

Borges avait raison quand il disait que la langue française n'était pas faite pour la poésie, pas assez musicale. Par contre la langue anglaise, qui est assez triviale en prose, dans le parler, est fantastique en poésie.

samedi 24 mai 2003


"Quand les choses tournent mal, plutôt que de trop attendre des gens, il faut aiguiser ses rapports avec les choses. C'est un simple mur qui m'a tiré d'affaire."


jeudi 22 mai 2003

A propos de cette question du voile, de la quête de l'islam par les enfants d'immigrés musulmans, on parle toujours de "repli identitaire" de "malaise, "mal-être", de "désarroi", etc. Mais que par exemple Hervé Bourge se soit converti, prenne le prénom de Mohamed et la nationalité algérienne ne questionne aucun journaliste , sociologue et autre expert, sur la raison de son mal-être, de sa perte d'identité, de son désarroi originel, de la fragilité de son ego... Or s'il y a bien des gens que l'on peut suspecter de problèmes de personnalité, ce sont justement les mawali.

mardi 20 mai 2003




Le serpent Illuyanka a convaincu et battu le dieu de l'Orage, qui occupe dans le panthéon hittite la place de Zeus. Aidé d'un comparse, un simple mortel d'Hupasiya, la déesse Inara organise alors un grand banquet de fête où elle invite Illuyanka. Le serpent quitte son gîte pour s'y rendre, il s'y emplit la panse de boire et de manger au point qu'il ne peut plus revenir dans son trou. Hupasiya l'enchaîne ; le dieu de l'Orage n'a plus qu'à le tuer."


dimanche 18 mai 2003


"La mètis préside à toutes les activités où l'homme doit apprendre à manoeuvrer des forces hostiles trop puissantes pour être directement contrôlées, mais qu'on peut utiliser en dépit d'elles, sans jamais les affronter de face, pour faire aboutir par un biais imprévu le projet qu'on a médité."



"Intelligence à l'oeuvre dans le devenir, en situation de lutte, la mètis revêt la forme d'une puissance d'affrontement, utilisant des qualités intelelctuelles, - prudence, perspicacité, promptitude et pénétration de l'esprit, rouerie, voire mensonge -, mais ces qualités jouent comme autant de sortilèges dont elle disposerait pour opposer à la force brute les armes qui sont son apanage : l'insaisissabilité et la duplicité. Comme l'eau courante, l'être à mètis glisse entre les doigts de son adversaire; à force de souplesse il se fait polymorphe; comme le piège, il est aussi bien le contraire de ce qu'il apparaît : ambigu, inversé, il agit par retournement."



"En revenant des tours du silence, vous demandiez s'il existe des points où s'unissent puissance et amour, et vous frôliez ainsi le mystère."

"Il faut vous dire que tous ne sont pas capables de vous suivre. Vous serez rassurés, cependant, d'apprendre que Boudour Péri satisfait ces exigences. Vous avez bien choisi. Celui qui peut vous accompagner dans ce voyage vous est lié pour jamais.

Ces paroles firent à Lucius une joie profonde; il lui semblait que l'espace sans bornes lui devenait familier."



"Il fallait, Lucius, que vous fussiez réduit, lui avait dit Ortner la veille, devant un verre de vin, comme ils s'en revenaient de voir Boudour Péri. Les forces qui agissaient en vous étaient trop aveuglantes; elles ont été ramenées à une formule plus humaine. Sans cela, vous auriez mis en danger celui-ci même qui vous touchait de près. Car il y a des substances qui font merveille dans un bref contact, mais dont la proximité finit par flétrir la vie; Avec elles, on renverse des villes, mais on ne fonde pas de maison."


samedi 17 mai 2003

Life is very short
And there's no time
For fussing and fighting my friend
I have always thought
That it's a crime
So let me tell you once again


Try to see it my way
Only time will say if I am right or I am wrong
While you see it your way
There's a chance that we might fall apart before too long


We can work it out
We can work it out

mercredi 14 mai 2003


"Pourquoi la mètis apparaît-elle ainsi multiple (pantoiê), bigarrée (poikilê) ondoyante (aiolê) ? Parce qu'elle a pour champ d'application le monde du mouvant, du multiple, de l'ambigu. Elle porte sur des réalités fluides, qui ne cessent jamais de se modifier et qui réunissent en elles, des aspects contraires, des forces opposées. Pour dominer une situation changeante et contrastée, elle doit se faire plus souple, plus ondoyante, plus polymorphe que l'écoulement du temps : il lui faut sans cesse s'adapter à la succession des événements, se plier à l'imprévu des circonstances pour mieux réaliser le projet qu'elle a conçu; ainsi l'homme de barre ruse avec le vent pour mener, en dépit de lui, le navire à bon port. Pour le Grec, seul le même agit sur le même. La victoire sur une réalité ondoyante que ses métamorphoses continues rendent presque insaisissables, ne peut être obtenue que par surcroît de mobilité, une puissance encore plus grande de transformation."


Mètis



"Par certains aspects, la mètis s'oriente du côté de la ruse déloyale, du mensonge perfide, de la traîtrise, armes méprisées des femmes et des lâches. Mais par d'autres elle apparaît plus précieuse que la force; elle est en quelque sorte l'arme absolue, la seule qui ait pouvoir s'assurer en toutes circonstances, et quelles que soient les conditions de la lutte, la victoire et la domination sur autrui. Si fort que soit en effet un homme ou un dieu, vient toujours un moment où il trouve plus fort que lui : seule la supériorité en mètis confère à une suprématie ce double caractère de permanence et d'universalité qui en fait véritablement un pouvoir souverain."


mardi 13 mai 2003

Le vin d'or me calme
je pense à l'Arménie
où naquit le vin
et je me dis que nous y reviendrons

samedi 10 mai 2003

Ces gros cons qui appuient sur l'accélérateur de leur moto comme on éjacule.

vendredi 9 mai 2003


"Mais je sais aussitôt que l'éloignement en est inséparable. L'attraction et la répulsion s'équilibrent; et tout effort de vaincre cette discordance mène dans des zones de néant. Nous sentons la puissance de séparations originelles."


"L'élément neptunien domine dans l'étendue et dans les essaims anonymes, au coeur de l'élément. Il y a si peu de couples d'amants illustres qu'on peut les compter sur ses dix doigts. Le malheur terrestre est leur marque. Ils se découvrent, comme Dante et Béatrice, sur le pont jeté par-dessus le fleuve du temps. Ils suivent la loi des parallèles; leur rencontre a lieu à l'infini."

"Il n'y a qu'un amour, par-delà l'espace et le temps; toutes les rencontres sur terre sont des symboles, sont des colorations de la lumière une et indivisible. L'amour dans l'étendu, dans les tourbillons du temps, est neptunien; l'océan est le berceau dont surgit Aphrodite. De ses abîmes jaillit en lui ce qui est onde et rythme, tension et mélange, splendide et terrible. Sur le rivage marin et les falaises, nous entendons son chant anonyme, son chant fatal, les profonds accents des Sirènes, qui nous conjurent de nous perdre dans ses mers, dans les levers et les déclins d'astres. Un charme irrésistible nous attire vers ces flots."

Ernst Jünger - Héliopolis.

lundi 5 mai 2003

De la mort de Bishma, dans le Mahabharatta, on dit qu'il "rejoint le Temps." Comme si la naissance vous projetait hors du Temps.


Mais moi je ne suis d'aucune religion, si ce n'est de celle des Fidèles d'Amour, et encore...


Je crois que le seul emblème que je pourrais jamais porter sur moi serait le Coeur ou la Rose. Je suis pour la Joie de la fin'amor et non pas pour le martyr. Mais on nous mène la vie dure.

dimanche 4 mai 2003

Ulysse and the Fox : subtle, brave but treacherous, wanderer, unfaithful but faithful and coming back, at last to Ithaque and Penelope.

Et Ulysse est resté dix ans prisonnier de Kalypso...

Cette complicité d'Ulysse et Pénélope, quand à la fin, dans le lit conjugal, ils se racontent leurs aventures...
Lire les journaux dans le Web rend serein et mélancolique, philosophe, quoi... toutes ces vies qui se croisent et se recroisent, ces amants qui se cherchent, se perdent et se retrouvent et s'ennuient encore ensemble.... il y a des fils destinés à s'embrouiller ensemble, il y a des chemins qui sont destinés à se recroiser ou s'écarter l'un de l'autre pour toujours, et le drame, c'est bien la distance dans le temps, l'ignorance de la distance dans le temps, et s'il y a un temps...
Quand je parle d'amour au Yi King, il me répond affaires et puissance. Quand je lui parle affaires il me répond amour et réussite.

vendredi 2 mai 2003

Tout ces weblogs sont des livres de sables.
Le problème c'est qu'on ne peut ni les tenir en main ni les marchander au fin fond d'un village hindou et puis à Buenos Aires.

"Dans la Somme théologique, on nie que Dieu puisse faire en sorte que le passé n'ait pas été, mais on ne dit rien de l'enchaînement enchevêtré des causes et des effets, si vaste et si intime qu'on ne pourrait sans doute annuler un seul fait éloigné, pour insignifiant qu'il fût, sans invalider le présent. Modifier le passé n'est pas modifier un seul fait; c'est annuler ses conséquences qui tendent à être infinies.En d'autres termes, c'est créer deux histoires universelles."


Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.